Eau douce, hydrocarbures, ressources minières, poissons : le Canada pourrait bénéficier de la fonte des glaciers afin d'exploiter les glaciers terrestres dans l’Arctique. Toutefois, il ne souhaite pas s’aventurer dans les glaciers du Nord canadien en raison de l’éloignement de ceux-ci et des variations de température.
Certains médias traditionnels ont laissé supposer que plusieurs puissances mondiales, comme la Russie, souhaiteraient exploiter le territoire ; une croyance réfutée par le professeur et directeur du Conseil québécois d’études géopolitiques de l’Université Laval, Frédéric Lasserre.
Selon l’expert, la faible fréquentation des routes maritimes nordiques en plus de de l’inaccessibilité des ressources éloignées limitent l’intérêt de certains pays face aux nouvelles terres qui se découvrent de leur glace.
Prendre exemple sur le Groenland
Le Groenland souhaite exploiter les richesses de son territoire. Il fait présentement l'étude d'un projet de captation de l’eau douce afin de créer de l’électricité. Cette énergie serait utilisée pour les communautés proches et pour les projets industriels.
Selon [Aldo Chircop], plusieurs routes maritimes ne sont pas sécuritaires. « S’il n’y a aucun décès, c’est [par] chance », explique-t-il.
Selon Frédéric Lasserre, le Canada ne pourrait pas reprendre cette innovation puisque ses communautés sont trop éloignées des glaciers. « L’électricité ne peut pas se transporter [...] et le coût sera énorme. Il faut emmener tout le matériel. Les conditions de travail seront plus difficiles avec les températures de l’hiver. Il y a aussi la fonte du pergélisol qui a un impact », ajoute-t-il. En raison de la liquéfaction du sol, les personnes qui travaillent à proximité du chantier de construction risquent de perdre leur habitation, souligne le professeur.
Une navigation qui devrait être plus contrôlée
Selon le membre de la Chaire du Canada sur le droit et la politique maritimes et le professeur à l’Université de Dalhousie, Aldo Chircop, certaines routes du passage du Nord-Ouest sont devenues dangereuses pour les bateaux. Il souhaite que tous les bateaux respectent des routes précises que le gouvernement canadien aurait définies pour le passage du Nord-Ouest. Selon lui, plusieurs routes maritimes ne sont pas sécuritaires. « S’il n’y a aucun décès, c’est [par] chance », explique-t-il.
Aldo Chircop note aussi que les restrictions de la Loi maritime du Canada ne sont pas toujours respectées. Il précise que la loi canadienne indique que les navires ne doivent pas utiliser de l’essence à l’huile, plus polluante pour les eaux, tandis que la loi internationale ordonne aux bateaux d’utiliser une essence « propre » qui peut contenir une petite portion d’huile. Or, sous le couvert de la loi internationale, les navires étrangers passent dans les eaux canadiennes avec cette essence « propre », contrevenant ainsi à la loi canadienne. Selon M. Chircop, cela montre un certain manque de contrôle de son territoire de la part du gouvernement canadien.
L’attrait suscité par les ressources en Arctique existe, mais son accès est encore trop difficile et dangereux. Toutefois, l’intérêt canadien pourrait bien se transformer en véritable exploration et exploitation.
Photo: Bruce Warrington, Unsplash