Rigoureusement dépeintes dans le roman La voix de Sita par Clea Chakraverty, les violences et les inégalités dont sont victimes les femmes indiennes résultent, selon elle, d'un système patriarcal empreint de traditions.
Clea Chakraverty a été journaliste pendant plusieurs années en Inde avant l’écriture de son roman. Elle affirme que son intention était de réfléchir aux notions de violences ancrées dans une culture forgée par la religion et la mythologie qu’elle a constatée en tant que journaliste.
L’autrice met de l’avant des données et des faits réels par l’entremise des publications d’une instagrameuse fictive: Miss Fantastique.
« Tous les chiffres sont vrais, ils sont issus de rapports, que ce soit de l'UNICEF pour les données sur les enfants, ou les données sur les violences faites aux femmes d’organisations féministes, comme l'ONU », explique-t-elle.
Un phénomène normalisé
Les femmes sont régulièrement victimes d’objectification, de crimes ainsi que de violences sexuelles et conjugales, ce qui est soulevé dans le roman La voix de Sita.
« Les femmes subissent des violences quotidiennes et ont un rapport à la violence qui est complexe parce qu'il est très intériorisé », précise la journaliste et écrivaine franco-indienne Clea Chakraverty.
Aranya Johar, artiste, poétesse et militante indienne pour les droits des femmes, affirme que l’un des facteurs contribuant à cette violence serait sa banalisation. « En Inde, la violence conjugale est si normalisée que lorsqu’on entend des histoires, on y est désensibilisé », déplore-t-elle.
Nitasha Kaul, docteure en sociologie et économiste indienne spécialisée en politique et en relations internationales, a avancé que l’Inde ne serait pas un pays pour les femmes lors d'une conférence en ligne intitulée No India For Women. « Dans le cycle de la vie d’une femme [En Inde], chaque étape est un obstacle », a dénoncé l’experte.
Une droite extrémiste impitoyable
L’Inde, est dirigée par un gouvernement d’extrême-droite « pour qui la place de la femme est absolument domestique », explique Clea Chakraverty. « Si elle est politique, elle doit d'abord servir l’idéologie de ce gouvernement conservateur. »
D’après Aranya Johar, les récits religieux représentant les femmes comme des possessions de l’homme sont plus mis de l’avant depuis la montée de la droite extrémiste.
Selon l’autrice, plusieurs associations et organismes à but non lucratif craignent le pouvoir public qui les surveille et qui est enclin à les accuser d’antinationalisme. L’enjeu est d’ailleurs abordé dans La voix de Sita.
Critiquer ouvertement l’idéologie du régime actuel est un risque pour tous, mais encore plus pour les femmes. Elle explique que plusieurs femmes journalistes et leur famille sont victimes de crimes violents et de cyberharcèlement.
Illustration: Élizabeth Martineau