Budget excédé, enjeux environnementaux, gentrification : la popularité des Jeux olympiques (JO) est en déclin malgré les efforts du Comité international olympique (CIO) pour s’adapter aux défis actuels. Los Angeles s’apprête, tout de même, à accueillir pour la troisième fois cette compétition d’envergure internationale.
En 2017, seules Paris et Los Angeles s’étaient portées volontaires pour accueillir les JO 2024. Le CIO a alors décidé d’attribuer à chacune des deux villes l’une des prochaines compétitions.
Selon Dave Lunt, professeur d’histoire à l’Université du Sud de l’Utah, spécialisé en histoire des Olympiques, « le CIO est intelligent, il s’adapte. Il attribue plus d’un événement à la fois ».
La situation de 2017 est similaire à celle de 1984. Après que Téhéran se soit retiré de la course, Los Angeles était la seule ville qui voulait accueillir la compétition en raison des difficultés des précédents événements en termes de rentabilité, d’enjeux de sécurité et de popularité. Ce sont désormais les enjeux environnementaux, budgétaires et liés aux logements qui incitent certaines villes à se désister.
Contestations autour de l’évènement
Plusieurs groupes anti-Olympiques ont émergé depuis l’annonce de 2017 comme NOlympics LA, une coalition de 25 groupes qui militent contre les JO de 2028.
Les membres manifestent, organisent des campagnes de sensibilisation et rencontrent le conseil municipal de Los Angeles pour tenter d’informer la population locale ainsi que de contrer la décision de la ville.
Les problématiques de Los Angeles 2028
L’un des principaux défis de cette compétition est le budget, dépassé en moyenne de 159 % , selon une étude réalisée en 2024 par l’Université d’Oxford sur les derniers JO. Les coûts estimés pour les Jeux de Los Angeles 2028 (LA28) sont passés de 5,3 milliards de dollars américains à 6,8 milliards depuis l’annonce du premier budget.
« Les JO ne sont pas profitables pour les communautés et pour les entreprises locales, mais [ils le sont] pour de grandes corporations comme Coca-Cola », déclare Eric Sheehan, un membre de NOlympics. Depuis 1984, le modèle économique de cette compétition repose sur les commandites de grandes entreprises, au dépens des compagnies locales.
La municipalité prévoit plusieurs infrastructures permanentes et temporaires en vue de la compétition, dont la construction de 28 bâtiments d’ici 2028 qui peuvent être construits avant la date butoir des prochains JO d’été.
Selon Eric Sheehan, « le comité organisateur gaspille l’argent de la Californie et des Angelenos à la construction d'infrastructures qui ne sont que pour les touristes qui viennent pour les Olympiques ».
Plusieurs raisons environnementales génèrent de la controverse. Par exemple, une vague importante de touristes qui proviennent du monde entier allant vers un même endroit produit une quantité importante de gaz à effet de serre (GES).
Depuis presqu’une dizaine d'années, le CIO promet de diminuer ses émissions de GES, mais les Jeux sont de plus en plus polluants, révèle une étude de l’Université de Lausanne sur la durabilité de la compétition.
« Tout ce que l’on voit d’eux concernant les enjeux environnementaux est probablement du greenwashing (écoblanchiment) pour camoufler la réalité et pour promouvoir de bonnes intentions », indique M. Sheehan. Celui-ci mentionne aussi que le CIO ne veut pas perdre ses commandites des grandes compagnies pétrolières.
Les évictions sont une autre raison des contestations. Plusieurs personnes ont été évincées de leur logement afin d’être remplacées par des touristes ou des Angelenos et Angelenas plus fortunées qui seraient prêtes à payer davantage pour se loger durant l’été 2028, ce qui augmente le profit des propriétaires. Cette gentrification a lieu dans des quartiers auparavant plus démunis qui sont situés près des lieux de compétition.
Apports positifs
Selon Dave Lunt, professeur d'histoire au Southern Utah University, la ville de Los Angeles veut garder un héritage des Jeux en misant sur le développement durable. Elle compte revitaliser certains quartiers. Dans son plan, Los Angeles souhaite réutiliser la majorité des infrastructures qui ont été utilisées pour les derniers Jeux de 1984. Certaines d’entre elles ont été construites pour les JO de 1932. Cette volonté vient d’une optique d’économie et d’écologie.
« Il y a d’autres raisons d’attribuer de la valeur à quelque chose dans le monde que sa capacité à faire du profit », affirme le professeur d’histoire. Les JO sont importants pour les Angelenos et Angelenas malgré les coûts que ceux-ci entraînent. Ils amènent une vague d’excitation et de visibilité.
Dave Lunt croit que les répercussions sur la ville seront positives. Los Angeles est l’une des villes qui a le plus postulé pour recevoir cette compétition. Selon Dave Lunt, Los Angeles aime les JO. Pour certaines raisons, c’est important pour ceux et celles qui y habitent. Le professeur affirme également que, malgré les impacts négatifs, les Jeux olympiques ont pour but de célébrer les succès sportifs et les histoires d’athlètes, ce qui est nécessaire. Le CIO promet de laisser un héritage positif pour la ville
Crédit photo : Sherman Yang