Les conditions de vie des communautés autochtones boliviennes se sont nettement améliorées au cours des vingt dernières années grâce à l’incorporation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) à la Constitution bolivienne, et à la mise en œuvre de politiques sociales. Pendant ce temps, l’État canadien se trouve aux portes de cette démarche pour les Premières Nations, Inuits et Métis du pays.
Les mouvements autochtones de lutte contre le néolibéralisme et la privatisation des hydrocarbures au cours des années 1990 sont à l’origine de ces avancées majeures pour la reconnaissance des droits autochtones en Bolivie. « C’est dans cette dynamique qu’Evo Morales est porté au pouvoir par les communautés autochtones, mais aussi par les paysans et les paysannes », explique Nora Nagels, professeure en développement et coopération internationaux au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Les réformes adoptées par le gouvernement bolivien en faveur des droits des communautés autochtones se manifestent principalement par l’incorporation de la DNUDPA à la Constitution bolivienne, qui promulgue entre autres le droit à l’autodétermination et à l’autonomie. Cet ajout a été fait en 2009, au cours de l’un des mandats de l’ancien président Evo Morales.
Des politiques sociales constructive
Des bonos (désignant des politiques sociales) ont également été mises en œuvre pour que les municipalités soient en mesure de favoriser l’accès au logement et l’accompagnement des femmes enceintes provenant des communautés autochtones.
« Il y a eu une forte diminution de la pauvreté en Bolivie, et puisque généralement les plus pauvres se trouvent être des autochtones, on peut dire qu’il y a eu une nette amélioration de leur niveau de vie », déclare l’ergonome et spécialiste en santé au travail d’origine bolivienne Ana María Seifert.
Le cumul de ces politiques aurait également eu une influence positive sur l’épanouissement personnel et professionnel, ainsi que sur le sentiment de fierté et de confiance des populations autochtones boliviennes, selon Mme Seifert. Par ailleurs, un quota détermine désormais le nombre de représentants et représentantes des 36 nations et peuples autochtones au Parlement.
Transpositions possibles au droit canadien
L’application des politiques boliviennes en matière de droit autochtone est transposable au Canada dans la mesure où la DNUDPA pourrait possiblement être incorporée au système législatif. La mise en place de politiques sociales, tel que le Principe de Joyce en faveur de l’équité quant aux services sociaux et de santé, favoriserait l’accès équitable à la scolarisation ou à l’emploi dans les municipalités. Ces politiques apporteraient aussi une meilleure garantie du respect des droits des Premières Nations, Inuits et Métis du Canada, comme on a pu le voir en Bolivie.
Actuellement, le projet de loi C-15 du gouvernement fédéral visant la mise en œuvre de la DNUDPA est soumis au processus parlementaire, avec une grande incertitude quant à son approbation, d’après Me Mira Levasseur-Moreau, conseillère en fiscalité autochtone et attachée politique du chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL). « Il y un échéancier d’ici juin 2021 pour que le projet de loi soit adopté », confirme-t-elle.
Crédit-photos: Marie-Soleil Brault et Lila Dussault