Pour tenir tête à la COVID-19, le président Luis Arce envisage l’effacement de la dette du pays ou, du moins, son report de deux ans. Il va donc être nécessaire pour la Bolivie de faire face aux puissances étrangères.
La Bolivie a deux choix: « négocier avec ses créanciers pour changer les termes de ses dettes, ou s’associer à la Chine dans un réalignement plus idéologique et faire des ententes moins basées sur une logique de marché », explique le chargé de cours en droit de l’intégration économique à l’Université de Montréal, Dan Kraft. La Chine serait d’ailleurs très intéressée par le lithium bolivien, un ingrédient nécessaire à la production de batteries de voitures électriques.
« Les créanciers sont prêts à prêter davantage d’argent aux pays nécessiteux, mais avec la condition qu’ils appliquent une sévère austérité qui peut souvent s’avérer désastreuse », explique le professeur adjoint de sociologie à l'Université de Montréal, Jean-François Bissonnette.
Il fait référence au cas de la Grèce en 2008 et à certains pays africains durant les années 1990.
Un géant qui s’étend
L’Amérique du Sud est encore marquée par le colonialisme européen et l’impérialisme américain. Lorsque la crise économique mondiale de 2008 a miné la crédibilité des pays occidentaux, les dirigeants socialistes sud-américains se sont tournés vers la Chine, qui n’avait pas été autant affectée.
La présence de la Chine est de plus en plus importante dans cette région, si bien que « des entités reliées au gouvernement communiste contrôlent, d’une certaine façon, la logistique des ressources naturelles et des ports en Argentine », selon M. Kraft.
L’homme de la situation ?
Luis Arce est « une élite dans les rangs des socialistes boliviens. Il connaît le langage du marché, les besoins sociaux et locaux de la Bolivie. Ça sera intéressant de voir comment il va négocier avec les créanciers », indique M. Kraft, qui se spécialise dans l'Amérique latine et les relations économiques internationales.
À l’époque où M. Arce était ministre de l’Économie et des Finances publiques sous Evo Morales, le produit intérieur brut (PIB) de la Bolivie a connu une croissance considérable. Depuis, les taux de chômage ont baissé et le nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté a presque chuté de moitié.
La dette bolivienne d’hier à aujourd’hui
La Bolivie a déjà bénéficié de quelques effacements de sa dette. En 2005, les pays du G8 ont décidé de pardonner la dette de 18 pays parmi les plus pauvres au monde. Le Brésil a aussi aidé la situation des Boliviens et Boliviennes lors de la nationalisation des gazoducs en pardonnant la dette impliquant ce secteur. M. Kraft rappelle que « l’entente a été facilitée, car les présidents de l’époque, Morales et Lula, avaient la même vision du monde ».
L’initiative du G20 de suspendre la dette des pays moins fortunés, lancée le 11 février dernier, inclut 73 pays dont la Bolivie ne fait pas partie.
Crédit-illustration: Camille Dehaene