Depuis le début de la pandémie, le racisme envers la population chinoise s’est amplifié en Corée du Sud, bien qu’il existait déjà auparavant.
Le rapport de puissance que la Chine peut exercer sur la Corée du Sud, en étant un des pays les plus influents mondialement, pourrait être la cause de cette vague de racisme, explique la professeure agrégée de la Faculté des arts et des sciences du département de sociologie à l’Université de Montréal, Estelle Carde.
Ce sont majoritairement les jeunes qui font de plus en plus preuve de racisme envers les Chinois et Chinoises en expliquant une peur pour leur liberté et une prise de position politique, selon Gi-Wook Shin, professeur de sociologie et directeur du centre de recherche Walter H. Shorenstein Asia-Pacific à l’université de Stanford.
Selon un sondage réalisé par la compagnie Hankook Research et le magazine coréen SisaIn en 2021, 58% des 1000 Sud-Coréens et Sud-Coréennes interrogées ont jugé la Chine comme étant de « mauvaise foi ».
Mme Carde explique par ailleurs que « les hommes et les femmes ne vont pas être touchés par le racisme de la même manière. » Les femmes vont, en plus de leur différence en tant que personnes racisées, être discriminées en fonction de leur genre.
Rien de nouveau
Bien que le début de la pandémie ait pu exacerber cette haine, comme dans d’autres régions du monde, le racisme envers la population chinoise en Corée du Sud existait déjà. Selon une étude du centre de recherche américain Pew, en 2015, 37% de la population Sud-Coréenne avait une vision négative de la Chine. En 2020, 75% de la population partageait cet avis.
Aujourd’hui, le taux de racisme envers les Chinois et Chinoises dépasse même celui que la population de Corée du Sud exprimait envers la population japonaise. Ce dernier, ancré
dans la culture sud-coréenne, tire ses origines de la colonisation du pays par le Japon à la suite de la guerre sino-japonaise, à la fin du 19e siècle. L’occupation japonaise a duré jusqu’en 1945, et laisse encore des traces dans les relations entre les deux pays.
De nombreux Chinois et Chinoises vivent actuellement en Corée du Sud. En 2019, 53 % de l’immigration dans le pays sud-coréen provenait de la Chine. Ce taux a largement augmenté depuis 1990, selon Statista.
La pandémie est donc loin d’être le seul facteur ayant déclenché cette vague de haine envers la population chinoise. Elle a néanmoins aggravé la situation à l’échelle mondiale alors que des mouvement comme « Stop Asian Hate » ont d’ailleurs été lancés afin d’éduquer la population et de dénoncer ces actes de violence.
Photo : Victoria Boisclair