Aujourd’hui, le sport électronique est reconnu comme un sport en Corée du Sud, qui représente le berceau mondial de cette discipline. En suivant l’exemple de cette nation, d'autres pays emboîtent le pas et misent sur le jeu vidéo en ligne professionnel.
Le sport électronique correspond à la professionnalisation des jeux vidéo. Les Gosu, les joueurs et joueuses expertes de sport électronique, monétisent leur pratique grâce à des partenariats commandités et en remportant des compétitions.
Culture de l’excellence
La culture du travail acharné en Corée du Sud se transpose dans la pratique des joueurs et joueuses de sports électroniques, qui jouent de 6 à 10 heures par jour. « Si tu veux être le meilleur, tu dois t’entraîner de façon régulière, comme un athlète olympique », affirme le professeur agrégé du programme de sport électronique de l’université de Caroline du Nord Ray Pastore.
Comme plusieurs organisations en Corée du Sud, l’équipe professionnelle de sport électronique T1 regroupe ses joueurs et joueuses dans une « gaming house » 一 une maison adaptée à leur mode de vie 一 disposant notamment de gymnases et de salles de diffusion en direct.
Le président-directeur général de l’organisation sud-coréenne T1, Joe Marsh, assure que les champions et championnes y sont traitées comme des athlètes professionnels. « Nous avons un dentiste d’équipe, un acupuncteur et un médecin de soins de la peau. Nos joueurs ont aussi accès à un psychologue du sport », souligne-t-il.
Ces maisons sont, selon le chercheur en psychologie du sport électronique de l’université fédérale de Santa Catarina, au Brésil, Rafael Pereira, le reflet de la culture coréenne. Elles ont été créées pour permettre une cohésion entre les joueurs et les joueuses. « L’objectif est qu’ils deviennent des amis et qu’un esprit de groupe se crée », explique-t-il.
Le rôle des vedettes
Depuis le début des années 2000, la Corée du Sud assiste à la vedettisation des joueurs et des joueuses. Les Sud-Coréens et Sud-Coréennes adhèrent à cet engouement face aux champions et championnes de sport électronique en arborant les chandails de leurs équipes favorites, souligne Joe Marsh. Les vedettes de la discipline sont affichées partout : sur des autobus, des fenêtres des métros et des panneaux publicitaires, notamment. « Lors des évènements, les Gosu doivent s'arrêter pour signer des autographes et prendre des photos. Ce n’est pas courant dans les autres pays, mais en Corée du Sud, oui », explique M. Marsh.
Rafael Pereira ajoute que, contrairement aux autres sports de haut niveau, qui nécessitent des habiletés physiques, le sport électronique est pratiqué par une pluralité de gens. D’après une recherche du Samsung Economic Research Institute, un tiers de la population sud-coréenne joue quotidiennement aux jeux vidéo.
« Je crois que certains pays ont aussi une passion pour les jeux vidéos en ligne, cependant, il y a un manque d’infrastructure clé, qui empêche cette industrie d’y prospérer comme en Corée du Sud » ㅡ Joe Marsh, président-directeur général de l’équipe T1
Une discipline en développement
Selon le D Ray Pastore, la popularité de ce sport est déterminée en majorité par son accessibilité. « Tout dépend vraiment de ce qui est accepté dans ta culture et de ce qui est encouragé », affirme-t-il. Si des pays comme la Chine, la France et le Brésil ont reconnu le sport électronique comme une profession officielle, la discipline ne bénéficie pas d’une même visibilité partout.
« Je crois que certains pays ont aussi une passion pour les jeux vidéos en ligne, cependant, il y a un manque d’infrastructure clé, qui empêche cette industrie d’y prospérer comme en Corée du Sud », souligne le président-directeur général de l’équipe T1. En Corée du Sud, les cybercafés locaux appelés « PC Bangs », lieux de rencontre et de jeux, offrent aux amateurs et amatrices des endroits pour jouer en ligne à différents jeux vidéo.
Selon M. Marsh, offrir des programmes scolaires de sport électronique et créer des associations pour représenter les athlètes dudit pays pourrait donner un élan à la reconnaissance de cette discipline qui a émergé grâce aux nouvelles technologies.
Avec les tournois et les compétitions, comme les « World Cyber Games », qualifiés de jeux olympiques électroniques en Corée du Sud, les jeux gagnent en crédibilité et en résulte une popularité accrue. « Le e-sport, c’est un phénomène qui tend à se démarquer à l’international pour son caractère et son unicité », ajoute Rafael Pereira.
Photo : Magali Brosseau