La reine du Danemark Margrethe II a annoncé en décembre dernier qu’elle renonçait au trône. Cette première en 900 ans pour la plus vieille monarchie au monde amène un questionnement sur la nécessité d’une modernisation de cette institution.
Depuis le 14 janvier dernier, Frederik X est à la tête de la monarchie constitutionnelle danoise. Selon Jacob Abrahamsen, résident allemand d’origine danoise, la monarchie n’a plus aucune utilité pratique et croit même qu’à long terme, elle devrait être abolie. D’un autre côté, il apprécie qu’un ou une monarque puisse représenter le pays de manière neutre. « Le système est dépassé, mais il existe, donc on va l’utiliser de la meilleure manière », résume-t-il.
Le résident de Copenhague Karl Emil Højer admire le nouveau roi : « Il était dans la marine danoise, il risquait sa vie pour le pays. C’est fantastique. »
Le livre The Role of Monarchy in Modern Democracy: European Monarchies Compared, écrit par une vingtaine d’experts, explique les grandes lignes d’une monarchie appréciée du peuple. Le livre établit que pour être pertinente, une monarchie doit rester absolument neutre, limiter la taille de la famille royale, éviter les scandales, se tenir responsable en cas d’erreurs, garder le soutien du peuple et prendre son rôle de souverain à cœur.
En 2022, Margrethe II avait adopté l’une de ces stratégies en retirant les titres princiers aux enfants d’un de ses fils pour restreindre la taille de la famille royale.
Les effets sur l’économie
Selon Mauro F. Guillén, professeur de gestion à la Wharton School de l'Université de Pennsylvanie, les monarchies déjà mises en place sont encore pertinentes. Selon ses recherches, elles protègent mieux les droits de propriété que les républiques ou les dictatures et ce sont ces droits qui sont importants pour une croissance à long terme de l’économie. Il croit que « ce serait bête de se débarrasser des monarchies [déjà existantes]. »
Pour lui, les monarchies limitent le pouvoir ou les années au pouvoir d’un politicien ou d’une politicienne et réduisent les conflits sociaux. « Mon argumentaire repose sur la supposition que les politiciens sont égoïstes et veulent rester au pouvoir, ce qui peut arriver à ceux qui ont de bonnes intentions aussi, affirme M. Guillén. Ils ont donc besoin d’une force au-dessus d’eux pour s’assurer du bon déroulement des choses lors de leur mandat ».
Avec un appui d’environ 75% de la population danoise, la monarchie de ce pays ne quittera pas de sitôt. « Certains critiqueront la monarchie, mais je pense que c’est une belle institution. Notre monarchie en dit long sur notre histoire », pense M. Højer.
Illustration : Lilou Ann Santos