C’est un cas unique, car c’est la première fois qu’un ministère couvre une région particulière plutôt qu’un secteur. Néanmoins, les enjeux s’avèrent considérables : Dan Vandal saura-t-il changer les choses dans le nord ou l’existence du ministère restera-t-elle purement symbolique?
Le Nord canadien est une vaste région composée du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut couvrant une superficie totale 3 535 263 km2 et où vivent 113 604 habitants, selon les données de 2016. Professeur à l’École nationale d’administration publique à Montréal (ENAP) et spécialiste en politique canadienne étrangère, Stéphane Roussel croit que la création du ministère représente tout de même un pas vers l’avant : « En créant ce ministère, au lieu d’avoir simplement un ministre comme cela a été le cas auparavant (...), on pousse d’un cran plus loin. On veut envoyer un signal de l’importance qu’on attache à son mandat ».
Mais pourquoi avoir créé un ministère alors que la plupart des enjeux de l’Arctique sont déjà pris en charge par d’autres ministères? « Le ministre des Affaires du Nord mènera le travail du Canada dans le nord en travaillant étroitement avec d’autres cabinets ministériels […] et les autres partis concernés dans le but de trouver des solutions pour le nord, par le nord », a affirmé l’attachée de presse du ministre Vandal, Allison Saint-Jean. Autrement dit, le fait de consacrer un ministère à l’Arctique permettra de focaliser davantage sur les enjeux affectant la région et ses habitants. « J’ai beaucoup de travail à faire et j’ai hâte de commencer », a déclaré le ministre lors de sa nomination en novembre dernier.
Les mandats du dirigeant seront d’ailleurs variés ; la lettre de mandat émise par le premier ministre Justin Trudeau mentionne notamment le Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord, qui présente diverses stratégies économiques afin d’améliorer la qualité de vie des habitants. La construction d’infrastructures comme des routes et des centres d’accueil ainsi que le développement du système scolaire postsecondaire en sont quelques exemples.
Le défi environnemental
Ainsi, les défis restent nombreux dans le Nord canadien, plus particulièrement lorsqu’il est question des changements climatiques. Selon M. Roussel, la situation du Nord reste un problème de taille : « Si le réchauffement climatique se manifeste vraiment quelque part où on peut l’observer actuellement, c’est en Arctique. »
L’attachée de presse du ministre Vandal a toutefois mentionné qu’à ce jour, ce sont 96,6 millions de dollars qui ont été versés à plus de 520 projets d’initiative environnementale dans les communautés autochtones. Un nombre qui doit tout de même être nuancé : « Cela ne me semble pas énormément d’argent, parce que toute activité dans l’Arctique coûte une fortune », soutient M. Roussel. « Je suis encore sceptique sur la capacité de ce ministère de changer quelque chose. Ce que je suspecte, c’est un ministère transversal, c’est-à-dire qui va toucher à toutes les responsabilités des autres ministères, mais sans pouvoir réel », a-t-il renchéri.
Il faudra attendre avant de voir le véritable impact de ce nouveau ministère sur le Nord canadien, toujours en période de transition. À l’heure actuelle, le budget provisoire des dépenses pour 2019-2020 se situe à environ 2,1 milliards de dollars. Quant à l’effectif, il était de 5087 fonctionnaires en 2019, mais ce chiffre sera mis à jour prochainement.
Avec la collaboration de Laurent Côté
Photo par Édouard Desroches