L’ensemble des secteurs combinés (productions locales, tournages étrangers, effets visuels et animation) ont totalisé 2,5 milliards de dollars de dépenses directes effectuées au Québec en 2021, selon le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Portrait de l’impact de la COVID-19 sur l’industrie cinématographique québécoise, qui a su tirer profit de la pandémie, et sur ses artisans et artisanes, qui n’ont pas cessé de travailler depuis.
« Certains projets étaient censés se faire en 2019 et ils ont été repoussés à l’année suivante en raison du manque de main-d'œuvre et dû au budget alloué. Alors lorsque tout est reparti, tout est parti en même temps », affirme Tommy Harvey, premier assistant-réalisateur de plusieurs productions, telles que Crépuscule pour un tueur et La faille III.
Romy Le Flaguais, habilleuse, abonde en ce sens. « Il n’y a jamais eu autant de projets que dans les deux dernières années, au point où il y a une pénurie de techniciens sur chaque plateau », souligne-t-elle.
Des mises en place importantes
« Une partie du budget est réservé à l’achat d’équipements de protections, des assurances supplémentaires qui doivent être prises, du matériel supplémentaire ainsi que la création de nouveaux départements COVID », rapporte Laurence Wells, productrice pour la boîte de production Les Rapailleurs, qui, malgré sa première année en pleine pandémie, a créé une quantité phénoménale de projets. À ce sujet, Suzanne Lortie, professeure et directrice du programme en stratégies de production culturelle et médiatique à l’Université du Québec à Montréal, estime que le Québec a été favorisé par la pandémie et par ses mesures efficaces.
Laurence Wells ajoute que « des agents COVID sont chargés de s’assurer de la rotation des masques, que tout le monde fasse leurs tests COVID. Ils s’assurent que lors des scènes de proximité, les mises en place soient respectées et que tout soit calculé ».
Si très peu de cas de transmission de COVID-19 se sont produits lors de tournages, les nouvelles mesures ont tout de même ajouté un poids sur les épaules des artisans et des artisanes. « Les journées de tournage durent au minimum 12h, alors ce n'est pas toujours facile. [En ce qui concerne les] costumes, on doit être encore plus vigilant, puisque les acteurs ne portent pas le masque entre les scènes », précise Romy Le Flaguais.
Cependant, Emmanuel Tardif, cinéaste et producteur pour Les Rapailleurs, note que plusieurs projets ne peuvent pas se permettre d'allouer une partie de leur budget à la mise en place de ces mesures. Plusieurs réalisateurs et réalisatrices ont donc dû annuler ou reporter les tournages.
Un vent d’espoir pour le cinéma d’ici
Tommy Harvey croit que l’augmentation des productions au Québec aidera la province à se tailler une place plus importante à l’international. « Avec le budget qu’ils ont, les producteurs et les réalisateurs réussissent à faire des miracles et c’est une des forces du cinéma québécois, faire rayonner à l’extérieur du pays », affirme-t-il.
Si Laurence Wells est elle aussi optimiste quant au futur des productions au Québec, elle juge que les productions sont devenues plus « froides » et plus « aseptisées ». Si le Québec, qui produit maintenant plus, a su tirer son épingle du jeu, l’aspect humain du métier artistique s’est perdu en chemin, explique-t-elle.
Photo : Florence Beaudoin