Au Cameroun, de nombreux projets concernant l’électricité devaient être mis en place, mais l’année 2021 en aura décidé autrement. Certains ont été abandonnés en raison de complications, en particulier le manque de fonds.
Douze des quinze pays d’Afrique de l’Ouest sont aujourd’hui répertoriés par l’Organisation des Nations unies (ONU) comme étant les pays les moins avancés, entre autres économiquement. Il en va de même pour leur Indice de développement humain, qui figurent parmi les plus bas sur Terre.
L'accès à des ressources comme l’électricité peut représenter un défi dans la région. En 2017, sur une population totale de 1,2 milliard d’habitants, environ 645 millions d’Africains et Africaines vivaient sans électricité. Cette proportion représente plus de la moitié de la population, ce qui fait de l’électrification un enjeu majeur sur le continent.
Bien que l’Afrique représente 13% de la population mondiale, sa demande en énergie n’équivaut qu’à 4% de la demande mondiale. D’après les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation d’électricité moyenne d’un Américain ou Américaine est de 13000 kWh par an. En comparaison, celle d’une personne d’Afrique de l’Ouest est de moins de 200 kWh par année. Cet écart montre la différence entre ces deux régions en termes d’accessibilité à l’électricité.
Une véritable urgence pour la population
Les situations diffèrent en fonction des pays de cette vaste région du monde, mais la nécessité de trouver des solutions par rapport à l’électrification reste commune à beaucoup d’entre eux. René Ebongue, une étudiante camerounaise de 21 ans, connaît bien l’impératif que représente cette situation. Si elle a aujourd’hui accès à l’électricité sans coupure, il fut un temps où elle n’y avait pas accès du tout.
« Avec l’électricité, on fait marcher les stations d’épurations pour donner à la population de l’eau potable. S’il n’y a plus d'électricité, l'eau s’arrête et la population tombe malade. » - Pierre Blanchet
« L’électrification de l’Afrique de l’Ouest devient une urgence, car il est essentiel au confort de vie, [au] domaine de la santé et c’est une énergie précieuse pour la production. L’électricité est indispensable dans le quotidien : on l’utilise pour se nourrir, se chauffer, s’éclairer, se laver, soigner, communiquer, se déplacer et fabriquer », explique René Ebongue.
Ce témoignage résonne dans celui de Pierre Blanchet, président de la société montréalaise Idénergie : « Avec l’électricité, on fait marcher les stations d’épurations pour donner à la population de l’eau potable. S’il n’y a plus d'électricité, l'eau s’arrête et la population tombe malade. » En 2015, l’UNICEF avait divulgué des chiffres qui ont alarmé de nombreuses personnes. Environ 180 000 enfants de moins de 5 ans mourraient pour cause de maladies diarrhéiques à cause de la salubrité de l’eau, qui était causée par le manque d’électricité.
Des projets en discussion
En 2016, la société Idénergie, qui est spécialisée dans les énergies renouvelables, avait été approchée pour un mandat dans des villages au Cameroun. Le projet consistait à installer des convertisseurs d’énergies solaires à l’échelle communautaire pour permettre aux habitants et habitantes d’avoir un accès plus direct à l’électricité.
À l’époque, M. Blanchet avait rencontré plusieurs maires camerounais pour discuter du projet, mais ce dernier avait finalement été avorté. « Le projet au Cameroun n’a malheureusement pas été mis en place pour de nombreuses raisons. L’une d’entre elles est que le coût des panneaux solaires et des batteries était trop élevé pour que les communes camerounaises puissent avancer l’argent. De notre côté, c’était la taxe d’entrée de 30% sur la marchandise que nous ne pouvions pas financer, et le manque d’industrialisation du pays qui demandait une préparation trop minutieuse », raconte le président d’Idénergie.
Des moyens pour améliorer la situation
Plusieurs solutions ont été testées dans les dernières années, mais l’hydroélectricité domine, notamment autour du bassin du Congo. Comme la capacité renouvelable de celle-ci ne cesse de baisser en Afrique, il faut continuer d’innover.
Une autre option pourrait être sur la table. « Faire des projets dans l’énergie solaire serait une bonne solution. Elle reste tout de même chère et dure à mettre en place », soutient Olivier Fremont, PDG de ICA Africa, en expliquant que cette option ne génère toutefois pas suffisamment de revenus. Pour que ces modes de production énergétique soient viables, ils doivent permettre de créer plus d’emplois aux populations. « Cela serait bénéfique à tout le monde et le prix serait contrôlé », assure M. Fremont.
En attendant d’autres moyens de résolution, certaines personnes tentent de trouver de nouvelles façons de consommer. Ainsi, la clef « serait de proposer des solutions aux populations pour qu’elles deviennent autoproductrices. Il faudrait miser sur les énergies renouvelables que l’on mettrait en place à l’échelle résidentielle », souligne M. Blanchet.
Photo : Florent Maiorana