À l’heure où les feux de forêt sont plus ravageurs que jamais au Nigeria, le « bush burning » est dévastateur pour des milieux forestiers. En l'absence d'action concrète du gouvernement, des ONG comme la Small Mammal Conservation Organization (SMACON) trouvent des solutions en harmonie avec les communautés.
« La culture est difficile à changer, surtout quand elle est liée aux moyens de subsistance », fait remarquer l’écologiste Iroro Tanshi. Le « bush burning » est une pratique commune au Nigeria qui consiste à brûler une terre agricole pour la revitaliser. Les communautés qui l’appliquent savent qu’il existe des risques que les feux s’étendent, mais cette technique est nécessaire au bon fonctionnement de leurs fermes.
Pourtant, selon Mme Tanshi, les habitants et les habitantes de ces communautés voient les changements dans l’environnement qui les entourent : « Ils n'appellent pas ça le changement climatique. Ils disent plutôt qu’ils ne savent pas quand il va pleuvoir ». La majorité de ces agriculteurs ne possèdent pas de machinerie, donc cette technique est leur seule manière de « nettoyer » leurs terres.
Peu d’initiatives ont toutefois été entreprises par le gouvernement pour ralentir les feux. Chercheur spécialisé en adaptation aux changements climatiques depuis plus de 20 ans, Ahmed Balogun est d’avis que le gouvernement n’a pas les « priorités à la bonne place ». Selon lui, « en raison de l’argent facile qu’apporte le pétrole, le gouvernement n’encourage pas le développement [du secteur de la prévention contre les changements climatiques] ».
Contourner le système
Malgré ces difficultés, les Nigerians et les Nigerianes cherchent à réduire les dégâts causés par ces feux. Les ONG prennent une grande part de cette charge. Par exemple, SMACON est un organisme qui travaille principalement autour des montagnes Afi pour en protéger la faune.
Leur solution est de se baser sur des données qui indiquent lorsqu’un feu pourrait être dangereux afin d’avertir les habitants et habitantes de ne pas brûler à ces occasions. L’organisation crée des escouades de « gardiens et gardiennes de la forêt » qui s’alternent pour arrêter les feux qui se seraient déclenchés malgré l’avertissement.
Mme Tanshi, l’une des fondatrices de SMACON, précise que le processus est fait en harmonie avec les communautés qui vivent autour des montagnes. « Ce n’est pas comme si nous étions entrés et avions dit : “voilà ce que vous devez faire”. Il y a eu beaucoup de consultations et des gens ont recommandé des choses qui pouvaient être faites ». Pour appliquer ce processus de prévention des feux ailleurs, la consultation doit être répétée pour trouver des solutions adaptées aux habitudes des différentes communautés.
Illustration : Lilou Ann Santos