Alors que l’initiative citoyenne Politzek dénombre plus de 800 personnes arrêtées par les autorités, le président biélorusse s’est engagé dans un bras de fer diplomatique au sein de son pays. Depuis le début de son sixième mandat consécutif, en août 2020, celui qui est qualifié de dictateur par la communauté internationale mène la vie dure à celles et ceux qui tentent de s’opposer au gouvernement en place.
Des personnes marquées par ce refus de quitter le pouvoir, Natalia Satsunkevich en fait partie. Elle est activiste pour l’ONG de défense des droits de la personne Viasna. « Travailler pour une ONG, défendre les droits des civils, c’est possible aujourd’hui en Biélorussie. Mais c’est extrêmement dangereux », précise-t-elle, retranchée, seule, dans son appartement en Lituanie, loin de celles et ceux qui cherchent à la faire taire.
Des menaces mises à exécution
Alors que le président biélorusse souhaite condamner le travail des associations, la pression exercée par les pouvoirs en place n’est pas nouvelle. Le travail de Mme Satsunkevich a été interrompu en janvier dernier, lorsqu’elle a été contrainte de quitter le territoire. « La Justice trouve le moyen de mettre en cause notre travail pour s’autoriser des perquisitions, notamment en débarquant dans nos locaux pour procéder à la confiscation de notre matériel professionnel », raconte-t-elle.
« Je suis impressionné par les personnes qui parviennent à rester [au pays] et continuer leur travail, même si cela est presque une mission impossible. Si tu es sur place et que tu te fais arrêter, c’est fini. » -Andreï Vaitovich
En arrivant en Lituanie, cette activiste de 33 ans a laissé derrière elle des collègues, son cercle amical et toute sa famille. « Nous avions déjà deux collègues emprisonnés l’an dernier. Cette année, trois nouveaux ont fait les frais de cette politique répressive et se sont fait arrêter », révèle-t-elle.
Mais le cauchemar ne s’arrête pas là : « Malgré mon absence, les autorités biélorusses ont procédé à une perquisition chez mes parents, confisquant l’ordinateur portable de ma mère pour y trouver des informations me concernant et me surveiller », poursuit-elle.
S’exiler pour continuer son travail
Cette politique répressive, le journaliste indépendant biélorusse Andreï Vaitovich a également souhaité la fuir. Après avoir couvert anonymement les manifestations lancées dès octobre 2020 contre le pouvoir en place, c’est en France qu’il a trouvé l’exil. « Je suis impressionné par les personnes qui parviennent à rester [au pays] et continuer leur travail, même si cela est presque une mission impossible. Si tu es sur place et que tu te fais arrêter, c’est fini », reconnaît-t-il.
Selon ses dires, la télévision officielle a récemment diffusé un clip de propagande diabolisant le bureau de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Minsk. Les autorités ont indiqué que l’ONG internationale utilisait les subventions destinées aux personnes handicapées pour financer de violentes manifestations.
L’été dernier, Alexandre Loukachenko a qualifié de « sales ONG » ces organismes qui « sèment la terreur » dans le pays. Il est même allé plus loin en annonçant vouloir les traduire en justice, marquant le début de multiples procédures de perquisitions et de liquidations d’au moins 47 associations à travers le pays.
Même si le combat semble long, Andreï Vaitovich et Natalia Satsunkevich attendent des actions concrètes des acteurs de la scène politique internationale qui leur permettraient de retrouver leur pays d’origine pour reprendre leurs activités humanitaires.
Photo: Malika Alaoui