Le peuple autochtone Warao se retrouve réfugié au Brésil en raison de la crise humanitaire et sociale qui sévit dans son pays natal, le Venezuela. En exode depuis 2015, les Waraos peinent à conserver leur culture malgré les mesures prises pour les accueillir.
Le Venezuela est en crise humanitaire qualifiée de « hautement sévère » par l’organisme humanitaire ACAPs. Depuis 2014, ce pays fait face à une hausse du taux d’inflation de façon exponentielle, atteignant 1 698 488 % en 2018. L’accès de plus en plus limité aux soins de santé, à la nourriture et à d’autres biens essentiels est la cause primaire de l’exode des Waraos.
Une réponse mitigée
Dès le début de la migration des Vénézuéliens et vénézuéliennes au Brésil en 2015, le gouvernement brésilien a fait construire des refuges dans les villes frontalières. Certaines mesures législatives ont aussi été adoptées ; la protection constitutionnelle réservée aux autochtones brésiliens s’applique maintenant aux autochtones venant de tous les pays.
Les réfugiés Warao ont donc droit à « une éducation et des soins de santé propres à leur culture, et le respect de leur forme d’organisation sociale est garantie », souligne Carlos Cirino, un anthropologue de l’Université fédérale de Roraima spécialisé en ethnologie autochtone.
Des organismes humanitaires ont mis sur pied diverses activités favorisant l’expression de la culture pour les réfugiés Warao. Par exemple, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a créé à Boa Vista un centre de formation autochtone et culturel pour offrir des programmes d’apprentissage professionnels et scolaires aux migrants autochtones de la ville.
« Ils ont le droit de vivre au Brésil et de gagner leur vie au Brésil, mais le problème est la difficulté de gagner sa vie au Brésil. Si on regarde l’état du pays, il y a plus de 493 groupes ethniques qui ont déjà de la difficulté à survivre. C’est pourquoi il est important de regarder la situation du pays pour comprendre la complexité de la situation », note toutefois Fernanda Baumhardt, une spécialiste de la communication avec les communautés en besoin d’aide humanitaire.
Une culture ignorée
« Malgré ces avancées, il existe un certain manque de compréhension envers les différents besoins des Waraos dus à leurs particularités culturelles » cautionne Carlos Cirino. « Ce manque de compréhension a eu un grand impact sur les Warao et favorise les conflits, l’alcoolisme et des problèmes de santé mentale chez ces personnes », dénonce-t-il.
Avec un nom qui signifie presque littéralement « le peuple bateau », la culture de ce groupe originaire de la région du Delta de l’Orénoque au Venezuela est centrée autour de la pêche et de l’agriculture. Les Waraos s'alimentent surtout de poisson et ils fabriquent des vêtements et divers objets à la main qui sont vendus par la suite.
Dépourvus de leurs ressources naturelles, confrontés à une importante barrière linguistique et confinés dans les murs de béton des refuges, les Waraos doivent souvent s’abaisser à quêter de l’argent pour subvenir à leurs besoins. « Ils perdent leur âme en devenant mendiants. Ils sont réprimés parce que tout ce qu’ils apprennent devient inutile », déplore Mme Baumhardt.
Illustration: Bettie Desjardins