Au cœur de la jungle de Tulum au Mexique, un concours pour la communauté artistique a été mis en place au début du mois de septembre par le musée SFER IK. Le prix permettra aux artistes gagnants du SFER IK Artist Award 2023 de créer une œuvre en osmose avec l’intelligence artificielle (IA), le thème de la compétition.
La compétition sera supervisée par un jury composé d’experts dans le domaine des arts. Marcello Dantas, directeur artistique du musée, envisage positivement l’intégration de l’intelligence artificielle dans le travail des artistes.
Il explique que la raison pour laquelle le musée demande de créer en utilisant l’IA est que la compétition cherche à « encourager des utilisations positives de l’intelligence artificielle qui pourraient favoriser et développer les capacités créatives. Nous voulons aussi que les artistes expérimentent avec l’outil ».
Selon lui, l’arrivée de l’intelligence artificielle est imminente dans tous les domaines incluant celui des arts. Il préfère embrasser le changement et tenter de l'intégrer à son milieu de manière harmonieuse plutôt que de s’en priver.
Une innovation qui laisse perplexe
Roxanne Lapa, artiste, designer et blogueuse sud-africaine avec plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de l’art conceptuel et des illustrations, a vu son travail grandement affecté par l’arrivée de l’intelligence artificielle. Celle-ci a déjà publié des capsules vidéos où elle s’exprime sur la manière dont l’IA a complètement renversé le marché dans lequel elle œuvre.
Dans un échange courriel avec l’Apostrophe, Roxy, de son nom d’artiste, explique que le principal enjeu auquel elle est confrontée est celui de la perte d’une partie de sa clientèle. Cette dernière a désormais tendance à se tourner vers des contrats à bas prix, réalisés par des utilisateurs d’intelligence artificielle.
Lorsque ceux-ci sont appelés à monter des sites web, ils le font en un temps record et à des prix bien inférieurs à ceux offerts par des « artisans » comme Roxy, mais la qualité en est affectée avec des erreurs d’affichage, par exemple.
Un refus justifié
Roxy confie que « non seulement les artistes perdent leurs emplois et leurs clients en raison de l’IA, mais ceux avec un certain talent se font constamment demander des preuves de légitimité artisane afin de prouver qu’aucune IA n’est intervenue dans notre démarche artistique ». Ces nouvelles demandes prennent du temps et des ressources à produire et affectent les relations avec leur clientèle.
Après un rapide regard sur les critères de la compétition organisée par le SFER IK, elle affirme qu’elle ne trouve pas pertinente l’utilisation d’une telle démarche en coopération avec l’IA dans un environnement artistique qu’elle considère affaibli.
Les réactions des artistes face aux résultats de la compétition qui annoncera ses vainqueurs le 1er décembre prochain donneront le ton de l’avis de la communauté.
Photos : Pixabay
Montage photo : Philip Bossé
