Entre manifestations et activités de sensibilisation, Scientists for Extinction Rebellion (XR) compte plus de 250 membres prêts à militer dans les rues de Londres. Alors que certains et certaines voient leurs réputations s’améliorer, d’autres craignent pour leurs carrières.
Le groupe militant, formé à Londres en 2020, est cousin à XR, un organisme mondial qui utilise la désobéissance civile pour pousser les gouvernements à agir face à la crise environnementale.
Ancien professeur à l’Université du Kent à Londres et spécialiste de la conservation des milieux naturels, le Dr Charlie Gardner s’est joint à leurs rangs pour lutter contre le réchauffement planétaire.
À l’époque où il donnait son cours sur les changements climatiques, il a réalisé la difficulté morale d'enseigner cette matière. « Je sortais de mes lectures, mon travail était fini et je ne faisais rien d’autre. Je me sentais mal [d’en] parler pour finalement rester passif ».
Une maison en feu
M. Gardner met l’accent sur l’importance d’avoir des voix scientifiques dans la communauté activiste. « Si je vous dis qu’il y a de la fumée dans ma maison et que mon sous-sol est en feu, mais que j’agis comme si de rien n’était, vous n’allez pas me croire », soulève-t-il.
Le docteur mentionne que le respect accordé aux scientifiques par les Britanniques améliore l’image habituellement négative des activistes environnementaux. Selon lui, ses actions conscientisent la population et donnent plus de crédibilité à la cause.
Si le militant voit son nom gagner en popularité, il n’en demeure que peu de jeunes scientifiques sont enclins à joindre Scientists for XR, selon Lucy Hogarth, une doctorante en astrophysique à l’Université College de Londres.
Les risques de s’impliquer
Cette dernière, qui fait aussi partie de l’organisme, raconte sa réalité stressante et celle de ses jeunes collègues : « Une des craintes est de perdre le financement [pour nos recherches] et de ne potentiellement pas avoir de travail par la suite ». Elle se considère chanceuse d’avoir gardé ses bourses, malgré des frictions avec certains pairs et son superviseur. « Si j’avais été arrêtée [lors d’une action], ce serait une autre histoire. C’est loin d’être évident d’avoir un pied en science et l’autre dans l’activisme. Je risque de prendre une pause après mes études », souligne-t-elle.
L’astrophysicienne explique cet écart entre ces deux mondes par le « rôle impartial » donné aux scientifiques. « On veut communiquer des données sans opinions ou émotions, mais ça fait des décennies que l’on donne des [chiffres alarmants] sur l’environnement et que rien ne change », déplore-t-elle.
Les deux activistes sont d’avis que la crise environnementale mérite plus d’attention et que les changements sont trop lents. « [Les scientifiques] ont sonné l’alarme. Tout le monde sait que le bâtiment est en feu, mais il ne va pas s’éteindre tout seul », rappelle le Dr Charlie Gardner.
Illustration: Marie Senécal