Politique
Le Myanmar a connu de nombreux régimes politiques depuis le 19e siècle. Autrefois une colonie britannique, il est devenu un état socialiste puis une dictature militaire.
En 2011, une nouvelle Constitution est entrée en vigueur, faisant du pays une république.
Les élections législatives sont libres dès 2015, mais à un certain prix. Les élus n’ont aucun pouvoir sur l’armée. Les ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires frontalières, ainsi que le quart de l’assemblée, sont tous nommés par la junte militaire.
Pour modifier la Constitution, il faut plus des trois quarts des votes, ce qui est impossible sans le soutien de l’armée.
Aux élections du 8 novembre dernier, Win Myint a été réélu comme président du pays. Il est membre de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi.
Aung San Suu Kyi
Fille d’un héros militaire du pays, Aung San Suu Kyi est la figure de proue du mouvement prodémocratie. Elle a gagné un prix Nobel de la Paix pour son implication politique en 1991.
Bien qu’elle soit à la tête du parti au pouvoir, elle n’est pas officiellement présidente. La Constitution de 2011 interdit à tout citoyen ayant marié un étranger de se présenter à ce poste. Selon de nombreux observateurs, cette clause aurait été mise en place par l’armée dans le seul but d’exclure Suu Kyi.
Pour contourner cet obstacle, la LND a créé une nouvelle fonction juste pour elle : conseillère d’État. Elle est, dans les faits, la dirigeante du Myanmar.
Génocide des Rohingyas
Les Rohingyas sont une minorité musulmane qui habite majoritairement dans l'État Rakhine. Depuis le coup d’État socialiste de 1962, ils ont vu leurs droits civils diminuer d’année en année. Ils ne sont aujourd’hui pas reconnus comme citoyens et n’ont pas le droit de vote.
En août 2017, un groupe d’insurgés rohingyas a attaqué plusieurs stations de police, faisant 12 morts. L’armée a répliqué en lançant une campagne de nettoyage ethnique contre la communauté entière.
Il n’existe pas de chiffre officiel quant au nombre total de victimes. Les survivants parlent de femmes et de filles violées, de villages incendiés et de voisins jetés aux flammes.
En tout, plus de 740 000 Rohingyas ont fui la violence pour se réfugier au Bangladesh voisin. Dans les camps de réfugiés, plusieurs enfants se retrouvent orphelins, avec 43 000 parents manquant à l’appel. Ils sont présumés morts.
Les violences commises par l’armée ont attiré les critiques de la communauté internationale. Aung San Suu Kyi, qui a à maintes reprises refusé de reconnaître l’existence d’un génocide, a perdu sa réputation de championne de la démocratie.
En octobre 2018, le New York Times a révélé que l’armée a conduit une vaste opération secrète de propagande sur Facebook afin d’inciter ses citoyens à la violence.
Relations internationales
Lorsque la dictature militaire était au pouvoir, le Myanmar était considéré comme un État paria.
Avec l’ascension au pouvoir de Suu Kyi, en 2015, le pays est devenu un membre reconnu de la communauté internationale.
Le génocide des Rohingyas a de nouveau terni l’image du pays et de sa dirigeante.
La Chine et la Russie, cependant, demeurent des alliés militaires importants.
*Illustration par Édouard Desroches