Réputées pour leurs montagnes enneigées, les stations de ski suisses dépendent fortement de la production de neige artificielle afin de permettre l’ouverture de l’attraction touristique principale du pays. Des chercheurs se sont récemment penchés sur l’aspect environnemental de ce sport hivernal.
À l’échelle de l’Europe, « 100 000 000 m3 d'eau sont utilisés tous les ans en moyenne pour l'enneigement des postes », indique Hugues François, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement de Grenoble (INRAE). Il explique que la grande majorité de cette eau est prélevée directement des milieux naturels. Cette eau n’est donc pas potable.
De plus, la période où les stations ont besoin de produire la neige est celle où les cours d’eau ont leur plus faible débit et c’est pourquoi « le principal impact de la production de neige, c’est la pression accrue sur les ressources en eau ». Il mentionne toutefois que « les différents travaux qu’on a pu mener montrent que [les stations de ski] ont globalement un impact relativement modéré sur les milieux naturels ».
En Suisse, la production de neige artificielle représente en moyenne 50% du recouvrement neigeux des monts de ski, selon l’Association de la branche des remontées mécaniques suisses. Sans cette production, il serait difficile pour les stations de rester ouvertes au public.
Considérant entre autres la baisse remarquable des précipitations neigeuses depuis les dernières décennies, une étude publiée en 2021 dans la revue scientifique The Cryosphere démontre que l’épaisseur de neige moyenne dans les Alpes diminue de 8,4% chaque 10 ans depuis 1970.
Prolonger l’ouverture
Robin Dupuis a travaillé 17 ans dans la production de neige à Saint-Sauveur au Québec. Selon lui, la montée du mercure ne joue pas nécessairement sur la quantité de neige à produire. « Ce n’est pas nécessairement qu’ils doivent en produire plus quand il fait chaud, c’est juste plus long », explique-t-il. De plus, cette neige artificielle plus dense et permanente que la neige naturelle permet aux stations de prolonger leurs jours d’ouverture.
Hugues François se spécialise dans l’adaptation des stations en montagnes de taille moyenne. Il indique que 70% à 80% de la neige sont produits en avant-saison, afin de « constituer une sous-couche » et assurer des conditions plus agréables aux skieurs et aux skieuses.
Considérant la quantité nécessaire de neige pour assurer une pleine saison, M. François considère qu’« aujourd’hui, la production de neige est le plus fortement limitée par la disponibilité de ressources en eau ».
Une empreinte carbone « modérée »
D’après M. François, l’empreinte carbone des sports hivernaux de la Suisse est surtout liée au tourisme : « On ne peut pas complètement détacher la production de neige de l’activité touristique qui justifie qu’on produise de la neige. »
La production de neige a aussi sa part de responsabilité au niveau de la consommation énergétique, mais celle-ci « reste relativement modérée par rapport à l'ensemble de l'empreinte carbone du ski », avance M. François. « L’énergie dépensée pour faire de la neige par rapport à l’énergie qui est nécessaire pour les remontées mécaniques tout au long de la saison, c’est marginal », conclut-il.
Illustration : Michelle Kamkang