Le rodéo chilien est le deuxième sport le plus populaire de son pays. Cependant, cette pratique traditionnelle est de plus en plus controversée en raison des dénonciations de groupes de défense des animaux qui la considèrent comme de la cruauté animale.
Si la maltraitance animale est illégale au Chili, l’article 16 de la loi À la protection des animaux indique qu’elle ne s’applique pas aux sports auxquels participent des bêtes. Le rodéo, concerné par cette loi, est alors gouverné par ses propres régulations. Les groupes défenseurs des droits des animaux insistent donc pour amender la loi en indiquant que son champ d’application empêche les sanctions graves liées aux abus.
La loi permet notamment au Service d’agriculture et de l’élevage du gouvernement chilien de superviser le bétail utilisé dans les rodéos. Les animaux y sont surveillés entre autres dans leur production industrielle, leur commercialisation et leur transport.
Un membre anonyme du gouvernement a partagé lors d’une entrevue pour L’Apostrophe que leur objectif est de prévenir et de contrôler la propagation de maladies, ce qui aurait « un impact économique sur [l’industrie du] bétail du pays ». Leur supervision du bien-être animal n’atteint pas l’intérieur de l’arène.
Le déclin d’une tradition
Diego Plaza Casanova, avocat et directeur exécutif du Centre d’étude du droit animal du Chili, affirme que le rodéo implique l’instrumentalisation des animaux et leur maltraitance. « Il devrait être banni, considérant la cruauté inutile et l'anti-sociabilité qu’impliquerait une normalisation de la violence envers les animaux », explique-t-il.
La Fundación Derecho y Defensa Animal (Fondation des droits et de la défense des animaux), basée à Santiago, au Chili, souligne qu’une activité qui n’a pour but que de divertir les humains ne devrait pas comporter de maltraitance animale.
« L’aristocratie chilienne rurale est l’un des grands groupes intéressés par la préservation de l’activité sportive, dans laquelle elle joue un rôle actif comme organisateurs, compétiteurs et éleveurs », partage M. Casanova. D’après l’avocat, les liens qu’entretient le rodéo avec l’aile droite politique lui permet « d’éviter certains projets de loi ».
La Fundación Derecho y Defensa Animal soutient que « les Chiliens ne se sentent pas attachés à cette tradition ». En effet, malgré son bagage culturel, le rodéo perd de son éclat au sein de la population chilienne.
En 2016, un sondage de la firme Cadem révèle que 56% des gens ne s'identifient plus à cette pratique et qu'une moyenne de 80% la désapprouvent. Des pétitions créées par des citoyens et citoyennes pour bannir le sport sont signées par des centaines de milliers. Selon les membres de La Fundación Derecho y Defensa Animal, l’attachement au rodéo par le pays est « une fausse croyance ».
Photo : Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo