Afin de diminuer sa dépendance au charbon, le pays de 1,4 milliard d’habitants et d’habitantes couve un ambitieux projet de production d’énergie solaire qui fera la taille de Singapour. Dans un pays qui puise 60 % de son énergie primaire de sources non renouvelables, la faisabilité d’une transition solaire laisse les scientifiques optimistes, mais prudents.
Le chantier du parc d’énergie renouvelable de Khavda, niché entre l’Inde et le Pakistan dans le marais Rann de Kutch, a eu le feu vert au début de 2024 et attire l’attention en raison de son promoteur : le groupe Adani. Le parc, promu pour son volet d'énergie renouvelable Adani Green Energy Limited (AGEL), fournira 30 gigawatts (GW) d’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique par année.
Le nouveau parc est un pas dans la bonne direction pour un des cinq premiers consommateurs de charbon au monde. Le gouvernement indien cherche à se détourner du charbon et s’engage à augmenter la capacité de production renouvelable de 500 GW par an d’ici 2030 afin d'atteindre les objectifs auxquels le pays s’est engagé dans l’Accord de Paris sur le climat.
« Environ 75 % de l’énergie renouvelable de l’Inde provient de l’énergie solaire photovoltaïque », explique le Dʳ R. Arun Prasath, professeur d’ingénierie à l’Université de Pondichéry. Il voit un avenir prometteur pour le photovoltaïque au pays. Selon lui, le « pays du soleil » a la particularité de bénéficier d’un rayonnement solaire bien supérieur à la moyenne internationale.
Une « transition juste »
Le projet soulève des inquiétudes parmi les écologistes concernant la perturbation de systèmes écologiques tels que la migration des oiseaux, ce que reconnaît M. Charith Konda, spécialiste de l’énergie à l’Institut de l’économie de l’énergie et analyse financière.
Pour sa part, M. Prasath soutient que le marais Rann de Kutch, une zone peu habitée, bénéficie de l’un des meilleurs ensoleillements au pays. « La capacité de production d’électricité doit venir de quelque part pour sortir des millions de personnes de la pauvreté énergétique », ajoute M. Konda, rappelant que le parc est une mesure nécessaire de « transition juste ».
Les spécialistes semblent optimistes quant au parc énergétique, mais ne souhaitent pas se prononcer sur AGEL, critiquée par des groupes activistes comme le mouvement Stop Adani en raison de leur implication jugée « opportuniste » dans les énergies renouvelables. La société mère, le groupe Adani, a d’ailleurs été accusée de fraude et de délit d’initié en 2023.
Illustration : Annabel Ouellet