Les partis de l’Assemblée nationale ont voté à l’unanimité, le 10 novembre dernier, en faveur d’une motion visant à mieux servir les intérêts des Franco-canadiens et des Franco-canadiennes dans le cadre d’un nouveau projet de loi sur la radiodiffusion.
Le 3 novembre 2020, le ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault a déposé le projet de loi C-10 visant à réformer la Loi sur la radiodiffusion. Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a proposé d’ajouter à cette loi « des quotas justes et équitables en matière de contenu original québécois et francophone ». Même si cette proposition a été adoptée à l’unanimité, le projet de loi est loin d’être terminé. Jérôme Payette, trésorier de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) estime de deux à cinq années avant la fin du projet.
Cette réforme constitue un défi de taille car cette loi n’a pas été modifiée depuis 30 ans. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) est responsable d’appliquer cette loi et de l’adapter aux nouveaux contextes médiatiques, comme les médias en ligne.
Le laisser-aller du CRTC envers les géants du web a été critiqué par plusieurs organismes culturels canadiens, notamment la CDEC, l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM) et les AMIS de la radiodiffusion. Sans payer aucune taxe et sans considération pour la promotion d’un contenu culturel local approprié, Google, Amazon, Netflix et Apple menacent aujourd’hui l’équilibre culturel et économique du monde.
« On essaie de contrer l’hégémonie culturelle américaine au Canada. […] C’est encore plus important pour la culture francophone qui essaie de survivre au milieu de ça.» - Hélène Messier
Protéger la culture franco-canadienne
La présidente-directrice générale de l’AQPM, Hélène Messier, explique l’importance de la promotion d’un contenu original local: « On essaie de contrer l’hégémonie culturelle américaine au Canada. […] C’est encore plus important pour la culture francophone qui essaie de survivre au milieu de ça.»
Daniel Bernhard, directeur général des AMIS de la radiodiffusion, soulève l’un des problèmes principaux soulevés par les changements du ministre Guilbeault: « Puisque les utilisateurs qui partagent du contenu sur les plateformes des médias sociaux ne seront pas réglementés, les corporations de médias sociaux seront elles aussi exemptées de la loi sur la radiodiffusion. » Cela signifie qu’il n’y aura aucune obligation pour les géants du web de promouvoir la culture franco-canadienne dans leur contenu proposé.
Au Québec, plusieurs mesures existent déjà pour promouvoir le contenu francophone. Cependant, un favoritisme pour le contenu exclusivement francophone a tendance à mettre certains artistes à l’écart. François Mayer, chanteur pour le groupe « franglais » Lampion, souhaiterait voir une meilleure promotion et intégration de la diversité langagière au Québec avec la loi C-10.
Photo : Camille Dehaene