L’utilisation de bons de réduction permet à plusieurs Québécois et Québécoises d’atténuer les effets de la hausse du prix des aliments.

Un reportage de l'équipe Multimédia

Texte par Sophie Mediavilla-Rivard

Vidéo et photos par Victoria Boisclair et Tom Imler

Recherche par Sophie Mediavilla-Rivard et Sarah Brulé

L’inflation pousse la population québécoise à revoir sa façon de remplir ses paniers d’épicerie, sans pour autant se ruiner. Dans ce contexte, le couponing tire son épingle du jeu.

La pratique du couponing consiste à accumuler des bons de réduction et à les utiliser de façon consciencieuse pour réduire le plus possible le prix des factures d’épicerie. « Dans les prochains mois, c'est probablement un phénomène qui va prendre de l'ampleur étant donné la hausse des prix de beaucoup de produits alimentaires », avance Deny Bélisle, professeur agrégé au département de marketing de l’Université de Sherbrooke et membre du Groupe de recherche en marketing sensoriel.

Il explique que le couponing a gagné en popularité lors de la crise économique de 2008, et qu’une situation similaire se dessine présentement dans la province. Le groupe Facebook  « Couponomiser à l’année », regroupant près de 21 000 adeptes de cette pratique, a recueilli plus de 8000 nouveaux membres en mars dernier. 

Nicolas Pilote, membre du groupe depuis février, est fasciné par cette communauté soudée qui l’a aidé à dénicher ses premières aubaines. « C'est le fun de voir que tu n'es pas tout seul, parce que ce sont des centaines de personnes qui s'entraident et se parlent tous les jours », confie le résident de Notre-Dame-de-Lourdes.

« On entend beaucoup que le couponing, c'est juste des mères à la maison qui font ça, que ce n'est quasiment pas fait pour les hommes, mais qui ne voudrait pas sauver de l'argent, à la fin ? », se demande-t-il. Si cette technique de consommation lui semblait complexe et énergivore, il réalise finalement qu’il peut parvenir à sauver quelques dollars sans grands efforts. « C'est le fun de sortir [de l’épicerie] en ayant économisé, mais j'ai fait le travail pour y parvenir et c'est ça qui est gratifiant », raconte le père de famille.

 « C'est bien beau que tu aies payé un produit à moitié prix, mais ça ne sert à rien si tu ne le manges pas ou si tu en as déjà qui dort dans ton sous-sol » — Lili Marchand, couponneuse

Dans les coulisses du couponing

Deny Bélisle souligne que « pour les entreprises, les bons de réduction sont une stratégie pour fidéliser la clientèle, garantir des ventes et faire découvrir de nouveaux produits. » Il insiste sur l’importance d’acheter des produits réellement nécessaires pour que cette activité demeure économiquement intéressante pour les consommateurs et consommatrices.

« C'est bien beau que tu aies payé un produit à moitié prix, mais ça ne sert à rien si tu ne le manges pas ou si tu en as déjà qui dort dans ton sous-sol, dit Lili Marchand en riant. Mets cet argent-là dans un REER à la place ! » Cette couponneuse d’expérience, qui a fondé le site onmagasine.ca, rappelle l’importance d’être une personne organisée dans sa façon de faire ses courses pour éviter le gaspillage et la surconsommation tout en effectuant un maximum d’économies.

Les outils technologiques permettent aux adeptes de couponing d’être plus efficaces, souligne Deny Bélisle. Que ce soit par des sites internet, des programmes de fidélisation ou les applications mobiles des épiceries, il est possible de réduire le prix des factures. « Le couponing est de plus en plus intéressant parce que l'effort requis est de plus en plus petit et on obtient une récompense en contrepartie », note-t-il.

Lili Marchand considère que le couponing accorde une sécurité financière et économique à ceux et celles qui le pratiquent. « Des femmes m'ont dit : “grâce au couponing, je n'ai pas besoin d'aller chercher de la nourriture dans les banques alimentaires, je peux choisir ce que je veux mettre sur ma table” », rapporte-t-elle.