Le réalisateur russe Klim Chipenko et l’actrice russe Yulia Peresild sont revenus sur terre en octobre dernier, après 12 jours de tournage pour le film provisoirement intitulé Le Défi. L’équipe, qui a dû s’adapter aux exigences de l’espace, semble avoir rempli sa mission, sans toutefois se soucier du coût monétaire et écologique.
Tourner en apesanteur : voilà une idée qui semblait être de la science-fiction il y a encore quelques temps. Pourtant, c’est ce qu’à fait le réalisateur Klim Chipenko. Le Défi (Vyzov, en russe), met en scène une médecin (Yulia Peresild) qui doit sauver la vie d’un cosmonaute à bord de la SSI. Deux des cosmonautes déjà présents sur la SSI ainsi que le pilote ont aussi participé comme figurants.
Si l’exploit semble impressionnant, voire révolutionnaire, les voyages de civils et civiles dans l’espace se font de moins en moins rares. Récemment, Jeff Bezos s'est envolé vers les étoiles, tout comme William Shatner, l'interprète du Capitaine Kirk (Star Trek). Cette avancée dans l’univers du cinéma n’est pas sans conséquences : elle nous laisse entrevoir que l’espace est, au final, de moins en moins inaccessible.
Des fusées et des millions
Des milliardaires dépensent des millions en tourisme spatial et, désormais, il est même possible de tourner des films là-haut. Cependant, démocratiser l'espace, ce n'est pas comme rendre le camping tendance. Si on connaît les coûts environnementaux déplorables du transport aérien, ceux-ci sont pires encore avec l’utilisation de fusées. Eloise Marais, professeure associée de géographie physique à l’University College de Londres, a déclaré dans un article du Guardian qu’une fusée comportant quatre passagers émet environ 200 à 300 tonnes de CO2. Cela libère des gaz nocifs qui restent dans la couche d’ozone et peuvent l’endommager. Lorsque le voyage s’étend jusqu’à la SSI, comme lors du tournage du film Le Défi, la pollution n’est que plus importante.
Actuellement, il n’y a pratiquement que des milliardaires qui, pour le plaisir, voyagent dans l'espace. Il est frustrant de voir une si grande somme d’argent dépensée en ressources matérielles et en énergie pour un simple voyage d’une durée allant de quelques minutes à quelques jours.
Tout aussi polluant que les films d’envergure tournés sur Terre, Le Défi n’a duré que 12 jours de tournage et ne compte qu’une seule actrice. D’autres films sur l’espace s'étendent sur des mois de tournage et concernent des centaines de travailleurs et travailleuses qui mangent et se déplacent. En pleine crise climatique, il semble invraisemblable qu’un seul projet à peine plus long qu’un court-métrage puisse détruire tous les efforts citoyens faits pour l'environnement.
Les milliardaires dans l’espace
Actuellement, il n’y a pratiquement que des milliardaires qui, pour le plaisir, voyagent dans l'espace. Il est frustrant de voir une si grande somme d’argent dépensée en ressources matérielles et en énergie pour un simple voyage d’une durée allant de quelques minutes à quelques jours.
Ce film glorifie les voyages dans l’espace pour des intérêts privés, malgré les coûts et conséquences engendrés. Si les images ne sont pas encore disponibles, celles des films comme Interstellar et Gravity, sortis il y a quelques années, étaient déjà réalistes et immersives. Ils avaient gardé les deux pieds sur Terre sans banaliser les voyages spatiaux, phénomène qui mènerait à la popularisation de la pratique.
Photo par Camille Dehaene