Alors que les conditions aberrantes des travailleurs responsables de la construction des nouveaux stades de soccer au Qatar sont pointées du doigt, ceux-ci reçoivent finalement le soutien des équipes sportives de plusieurs pays.
Provenant majoritairement de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal et du Sri Lanka, les ouvriers affectés à la construction des huit stades qui accueilleront la Coupe du monde de soccer en 2022 évoluent dans des conditions horribles. Voilà dix ans qu’ils reçoivent un salaire trop bas et n’ont presque aucun droit dans un environnement chaud et dangereux. Un rapport publié par The Guardian en janvier 2021 a révélé que 6 500 de ces travailleurs avaient perdu la vie sur les chantiers. Tout cela pour une Coupe du monde très controversée qui ne durera qu’un mois.
C’est la Norvège qui a été la première nation à dénoncer ce traitement. Les joueurs d’autres pays ont rapidement emboîté le pas en portant des chandails arborant des slogans en soutien aux ouvriers. Il n’a pas fallu beaucoup de temps avant d’entendre des rumeurs de boycottage, mais une seule équipe ne changera pas grand-chose. Est-ce qu’un boycottage de la part de la France, championne en titre du tournoi, changerait quelque chose? Non, la Coupe du monde aurait quand même lieu et les conditions de travail demeureraient les mêmes. Il est trop tard.
La FIFA manque de gros bon sens
Le retrait de la France ou de l'Allemagne pourrait cependant être un message pour faire comprendre à la FIFA qu’elle ne peut plus se permettre de se préoccuper uniquement des rentrées d’argent. Un problème qui pourrait facilement être éliminé si l’association n'essayait pas d’organiser un tournoi toujours plus grandiose que l’édition précédente. Certes, la Coupe du monde est une compétition majeure, mais avons-nous sérieusement besoin de huit nouveaux stades?
Chaque fois, la FIFA agit comme s’il n’y avait pas déjà assez de stades de soccer aux quatre coins du globe. Elle débourse des sommes astronomiques pour la tenue de la Coupe du monde et la plupart des installations sont oubliées après quelques années. À quel prix? Rien ne justifie les piètres conditions de travail sur les chantiers de construction.
Saviez-vous que l’édition 2022 aurait pu avoir lieu ailleurs dans le monde? Des dirigeants qataris ont offert des enveloppes brunes à des membres de la FIFA, en échange d’un vote pour la tenue de la Coupe du monde au Qatar. Peut-être que l’événement aurait eu lieu dans un autre pays et que 6500 personnes auraient été épargnées si ces fameux pots-de-vin n’avaient pas été donnés en premier lieu…
Malheureusement, les accidents de travail sont parfois inévitables. Cependant, 12 décès par semaine, plus de 600 morts par an et au moins 6500 défunts depuis dix ans? Ça, c’est non. La FIFA devrait avoir honte. Voilà plus de dix ans que la main-d'œuvre immigrante perd des vies au détriment d’une machine à sous.
Photo : Joshua Hoehne Unsplash