Établie dans la banlieue de Pikine à Dakar, l’association Africulturban aide les jeunes à se professionnaliser au travers des cultures urbaines en offrant des formations gratuites et avec la création de festivals de musique.
L’organisation a été fondée en 2006 à la suite des inondations qui ont ravagé la banlieue de Thiaroye. Le fondateur et président d’Africulturban, Babacar Niang (alias Matador), a donc organisé un festival pour amasser des fonds pour les victimes. Cela a été le point de départ de cet organisme unique en son genre à l’époque.
« Il n'y avait pas d'association comme Africulturban avant nous. Il n'y avait que des groupes de rap et des studios d’enregistrement », mentionne M. Niang.
L’école de la deuxième chance
L’organisme cherche avant tout à donner les moyens à la jeunesse de développer des compétences professionnelles. Ainsi, il offre des ateliers de rap, DJ, hip-hop ou de slam, mais aussi des formations en graphisme, photo et marketing afin que les jeunes aient les outils nécessaires pour propulser leur carrière artistique. Les formations sont toujours gratuites et le transport peut également être payé.
Selon M. Niang, la réalité des jeunes de Pikine peut être difficile. Ils quittent l’école très tôt par manque de moyens et sont susceptibles de tomber dans la délinquance. « Il n'y a pas d'infrastructures. Il n'y a pas de programmes. Il n'y a rien qui est produit pour ces jeunes-là. C'est pourquoi, nous, on s'est organisé », explique M. Niang.
Moyens limités
Africulturban a eu plusieurs partenariats à travers les années, mais les débuts étaient plus ardus, selon Sall Ngaary, chargé de projet et graphiste pour Africulturban : « Au début, c'était autre chose. On passait la journée à Africulturban sans manger. [...] C'était compliqué. On n'avait pas de partenaires. Les seuls partenaires, c'étaient les gens du hip-hop. »
Aujourd'hui, leur financement vient de divers partenaires extérieurs, d'ambassades, d'ONG ou de corps du Sénégal. La mairie de Pikine leur loue aussi un local gratuitement.
Cependant, cela ne suffit pas à répondre à la demande. Les inscriptions pour les ateliers sont souvent saturées. « On veut bien les aider, les accompagner pour qu'ils atteignent le niveau où ils vont pouvoir compter sur eux-mêmes, ne plus attendre rien de personne. Mais tu ne peux pas faire ça avec tout le monde parce que les ressources ne sont pas là », explique M. Niang.
Malgré tout, l'association parvient à aider des centaines de personnes chaque année grâce à leurs initiatives. Sall Ngaary souligne d’ailleurs la longévité de l’organisme : « On n'a jamais vu une association de hip-hop qui arrivait à faire un an. Aujourd'hui, on est à 18 ans d'existence. »
Illustration : Allyson Caron-Pelletier