En 2020, l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières a établi un classement mondial de la liberté de la presse : sur 180 pays, l’Algérie arrive à la 147e position. Pour se faire entendre et échapper à la censure, les artistes et les médias algériens doivent mettre en place un bon nombre de stratagèmes.
L’Algérie, République algérienne démocratique et populaire depuis 1962, souffre encore et toujours de ses blessures causées par les guerres et le Hirak, mouvement contestataire qui secoue le pays depuis 2019, ce qui l’entraîne vers la corruption, les détournements de fonds et la censure. Cette situation politique met les journalistes dans des conditions de travail déplorables et peut même les conduire en prison. Avec les menaces du gouvernement ou de l’armée, il devient de plus en plus difficile de s’exprimer sans être victime de censure. Comment se faire entendre et défendre des idées quand le gouvernement cherche à faire taire par tous les moyens?
Le peuple algérien est connu pour son humour et c’est cet humour qui permet aux médias et au peuple de garder la tête hors de l’eau. D’ailleurs, le Hirak est surnommé la « révolution du sourire » en raison de cette façon positive de militer, sans pour autant passer sous silence les problèmes qui brisent le pays depuis des décennies. Malgré les pressions de l’armée et des hautes sphères, rien n’empêche le peuple de crier haut et fort son dégoût et sa soif de changement.
L’envergure de la caricature
La caricature a émergé à l’aube d’un pays fortement fragilisé par la colonisation, devenant le symbole du mouvement d’affirmation identitaire et politique propre au peuple algérien. Slim, (de son vrai nom Merabtene Menouar), l’un des caricaturistes algériens les plus connus, s’est inspiré du peuple et des gens qu’il a rencontrés au fil de sa carrière. Pourtant, sa façon de raconter des problématiques algériennes a souvent été pointée du doigt et il a parfois fait l’objet de censure.
Les caricaturistes travaillent et vivent dans des conditions très difficiles. Entre menaces de mort, harcèlement, procès pour diffamation et condamnations, dénoncer les agissements des hautes sphères leur coûte cher. L’écriture étant plus formelle, ils misent sur la satire et le rire pour dévoiler les tares du pays en douceur. Cette nouvelle façon de militer par la plume donne une leçon aux journalistes du monde entier qui prennent souvent pour acquis la liberté d’expression. La caricature n’a pas le même impact partout, mais elle démontre qu’on peut rester ferme sur ses positions et ses idées, les déclamer et échapper à la réprobation.
Photo : Malika Alaoui