Jolie, grande et mince, la poupée Barbie a fait rêver bien des jeunes filles qui espéraient avoir des jambes aussi longues et un ventre aussi plat qu’elle. Devenue une fervente féministe, elle a enfilé ses bottes de combats, s’est attachée les cheveux et s’est armée d’une pancarte afin de décrier la pauvre représentation des femmes dans l’art classique.
ArtActivistBarbie est le projet de Sarah Williamson, une professeure de l’Université Huddersfield en Angleterre. Cette dernière cherchait à sensibiliser ses étudiants aux enjeux féministes ainsi qu’à la manière, souvent problématique, dont les femmes sont représentées dans l’art. C’est par l’idéal féminin en plastique qu’elle a trouvé son porte-voix.
Elle a disposé des dizaines de poupées Barbies militantes dans les galeries d’art et les musées anglais. Intrigués, les visiteurs prennent en photo ses petits modèles et lisent leur pancarte sur lesquelles il est écrit, par exemple : « une compétition de wet t-shirt de l’époque préraphaélisme » (traduction libre). Dans cet exemple, ArtActivistBarbie se tenait devant la toile Gentle Spring de Frederick Sandys, sur laquelle l’artiste a peint distinctement les seins d’une femme sous un mince chandail blanc.
Gentle Spring, comme la grande majorité des oeuvres des derniers siècles, a été réalisé par un homme, pour un homme, collectionné par un homme pour le plaisir d’autres hommes. Sandys a peint une femme dénudée qui n’a fait qu’émoustiller ses collègues masculins.
Était-ce de l’art ou du soft porn ?, se demandent ces Barbies derrière leur sourire niais. Mais leur question est loin d’être sotte. La représentation des femmes dans l’art classique est désolante. Elle ne se résume qu’à leur beauté et à leur corps.
Sans vouloir modifier le passé, ce que tente de faire Sarah Williamson avec le projet ArtActivistBarbie, c’est de démontrer la vacuité des femmes dans les oeuvres d’art classique, afin que le public qui regardera ces peintures dans le futur le fasse d’un regard averti, toutes préconceptions et idées reçues démenties.
Malgré que ces oeuvres d’art classique datent du XIXe siècle, ArtActivistBarbie nous supplie de regarder ces peintures avec une ouverture et un regard nuancé bien de notre époque : une époque où les Barbies aux formes longilignes et à la petite taille ont laissé leur place à des poupées aux formes plus réalistes avec une variation de couleur de peau.
Une époque où les femmes sont davantage respectées et considérées.