Cinq ans plus tard, plus de la moitié des Britanniques estiment que le Brexit était une mauvaise décision, notamment pour des raisons économiques. Il s’agit d’un phénomène surnommé le « Bregret ».
« On ne voit pas un effet particulier du Brexit sur l’économie britannique », explique Catherine Mathieu, économiste spécialiste du Royaume-Uni à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Elle ajoute que l’économie britannique ne se porte pas particulièrement bien, mais attribue plutôt les difficultés à la crise de la COVID-19 et au conflit en Ukraine. L’OFCE prévoit une croissance du PIB de 1,2 % au Royaume-Uni cette année, soit le même taux de croissance que la moyenne européenne. En 2019, le taux de croissance du Royaume-Uni était de 1,6 %.
De nouvelles contraintes
Bien que le Royaume-Uni ait signé plusieurs accords de libre-échange avec des pays européens afin de minimiser les retombées économiques du Brexit, son retrait de l’UE a tout de même été difficile à naviguer pour de nombreuses entreprises, affirme Mme Mathieu.
Les compagnies qui souhaitent importer ou exporter des produits du Royaume-Uni doivent se soumettre à de nombreux contrôles douaniers et à des vérifications du respect des normes de sécurité qui ne sont plus les mêmes qu’en Europe, par exemple pour les médicaments ou les produits chimiques.
Elles doivent également remplir de longues déclarations douanières, « ce qui représente une charge administrative importante, en particulier pour les petites entreprises qui n’avaient pas l’habitude de remplir tous ces documents », précise Catherine Mathieu.
Ces barrières non tarifaires engendrent des coûts et retardent les chaînes de production. Selon Thomas Sampson, professeur à la London School of Economics, les compagnies européennes et britanniques doivent encore composer avec ces contraintes à ce jour. Il estime que l’exportation de biens vers l’UE a chuté d’environ 30 % depuis le Brexit pour les petites entreprises.
Moins d’immigration, moins de main-d’œuvre
Le Brexit a permis un contrôle accru de l’immigration, l’une des revendications principales des « brexiters », explique Catherine Mathieu. La séparation a mis fin à la libre circulation des personnes qui permettait à tous les habitant(e)s de l’UE d’aller travailler au Royaume-Uni sans restrictions.
Le Royaume-Uni a mis en place un système de points pour évaluer les demandes d’immigration basé sur plusieurs critères, tels que le salaire, l’expérience ou le niveau d’éducation.
Par conséquent, certains secteurs, comme la santé ou l’agriculture, ont été particulièrement affectés par une pénurie de main-d'œuvre.
« Tout ça participe à un renfermement qui a été assez brutal d’un point de vue politique et intellectuel », affirme Benoit Jambon, un immigrant français qui résidait à Londres lors du Brexit. « En tant que Français, tu ne te sens plus le bienvenu (au Royaume-Uni) puisque la majorité de la population a voté pour freiner l’immigration européenne », explique celui qui a quitté la capitale britannique pour rentrer en France après le Brexit.
En date du 21 janvier, 55 % des Britanniques estiment que le Brexit était une erreur, selon la firme de sondage YouGov. Depuis juillet 2022, ce pourcentage n’a jamais dépassé 50 %.
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