La Transnistrie, région séparatiste pro-russe de la Moldavie, a signé un accord en février dernier avec un intermédiaire hongrois, garantissant à nouveau un approvisionnement en gaz entièrement financé par la Russie à la Moldavie.
Vadim Krasnosselski, président de la Transnistrie, a signé l’accord le 14 février, avec l’entreprise hongroise MET Gas and Energy Marketing (Groupe MET) concernant l’approvisionnement en gaz naturel. La compagnie hongroise est dirigée par Benjamin Lakatos, un proche du premier ministre hongrois Viktor Orban, penché davantage vers la Russie.
« Les Ukrainiens ont fermé le gazoduc pour que les pays recevant le gaz russe achètent ailleurs », indique Yann Breault, cofondateur de l’Observatoire de l’Eurasie de l’Université du Québec à Montréal. Au lieu de passer par l’Ukraine, le gaz russe traversera la mer Noire pour accéder à la Turquie, puis remontera à travers le système de gazoducs des Balkans, étaye le groupe MET.
Ces livraisons de gaz gratuites, acheminées depuis 34 ans, ont été arrêtées le 1er janvier par le géant russe Gazprom en raison d’une fin de contrat. L’entreprise avait invoqué comme justification des « dettes » non réglées de la part de la Moldavie, accusation démentie par Chisinau.
Crise énergétique
La fermeture du gazoduc a fait mal à l’ex-république soviétique, puisqu’elle dépend de la centrale électrique de Kuciurgan, en Transnistrie, explique M. Breault. La centrale fournit une grande partie de l’électricité moldave ainsi que l’intégralité des besoins électriques pour la Transnistrie, ajoute celui qui est aussi professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean.
Au moment de l’effondrement de l’URSS en 1991, la Moldavie, majoritairement roumanophone, est devenue indépendante. Selon Magdalena Dembinska, spécialiste de la Moldavie à l’Université de Montréal, la population à majorité russophone de la Transnistrie, qui travaillait dans d'importantes infrastructures industrielles et militaires russes, serait toujours attachée à la Russie, explique-t-elle.
Pendant plus d’un mois, les habitants de Transnistrie ont vécu avec des interruptions de chauffage, d’eau chaude, d’électricité, ainsi qu’avec la fermeture d’écoles, d’usines et d’entreprises. Environ 400 000 personnes ont été touchées par ces perturbations.
La fin du contrat a obligé la Transnistrie à se tourner vers l’UE et la Moldavie à la suite de l’indifférence de Moscou. « La Russie n'a pas les moyens d’aider. Le Kremlin estime que la Transnistrie n’avait pas montré un soutien suffisamment enthousiaste à la politique étrangère russe », explique Yann Breault.
Refus de l’aide européenne
L'UE a débloqué une première aide d’urgence de 30 millions d’euros, le 27 janvier dernier, à la Moldavie pour acheter du gaz et fournir la Transnistrie.
Le 10 février, l’UE a envoyé une nouvelle aide d’urgence de 60 millions d’euros à la région séparatiste, une aide refusée par le gouvernement de la région.
Le premier ministre moldave, Dorin Recean, a affirmé que Tiraspol, la capitale transnistrienne, « a refusé la subvention de l’UE en raison de l’influence russe et des conditions attachées aux aides ». L’UE exigeait une augmentation progressive des tarifs énergétiques ainsi qu’une amélioration des droits de la personne en Moldavie.
Photo: Alex Houque