Raconter le récit de personnes vulnérables de manière éthique requiert un changement de mentalité de la part des journalistes.
Entre confidences et intrusions, la ligne est parfois très mince. Et les normes qui régissent la profession journalistique y sont pour quelque chose. Il est facile d’oublier, dans un souci de maintenir une neutralité journalistique, que notre intervenant ou notre intervenante a des limites.
Pour cette édition, nous avons donc eu à cœur de faciliter la parole de notre intervenante, et ce, sans aucun préjugé. Selon nous, le meilleur moyen d’offrir une couverture digne d’un sujet, c’est de s’intéresser profondément aux personnes qui le représentent.
Bien que notre intervenante ait été particulièrement à l'aise, car habituée aux médias, il nous a semblé important de s’assurer régulièrement du confort de celle-ci d’aborder certains sujets. Au-delà du simple respect, ce questionnement permet une couverture saine et installe un environnement de dialogue constructif.
Dans le cadre d’une intervention filmée, la présence de la caméra peut aussi pousser la personne intervenante à se sentir contrainte, mais là encore, il est du devoir des journalistes de s’assurer que les intervenants et intervenantes sont en pleine possession de leurs moyens en créant un lien de partage avec ces dernières.
« Behind the scenes »
Prendre en considération les attentes de la personne interviewée avant de la rencontrer s’inscrit comme l’une des douze recommandations de l’étude Why Should I Tell you ? : A Guide to Less-Extractive Reporting. Menée par la journaliste Natalie Yahr avec l’aide du Centre sur l’éthique du journalisme de l’université du Wisconsin-Madison, le guide met en lumière la place centrale que devrait occuper la personne interviewée et ce, tout au long du processus d’écriture ou de réalisation. Cette approche sensible cible les attentes des participants et participantes afin d’éviter toute déception. L’équipe multimédia a humblement tenté de mettre en pratique ce concept lors de notre reportage sur le couponing.
Cette chronique provient de la volonté du pupitre multimédia d’être un exemple de sollicitude dans son plus récent projet pour l’édition Subduction. Lors de l’entrevue et lors du montage, nous avons souhaité éviter tout voyeurisme en rencontrant des couponneurs et des couponneuses.
Peu importe le sujet donc, le meilleur moyen de ne pas tomber dans le jugement et le voyeurisme est de s’intéresser profondément au récit que l’on accepte de nous partager et d'user de curiosité et de rigueur journalistique.