Pays de petite taille situé dans la Corne de l’Afrique, Djibouti accueille à l’intérieur de ses frontières les bases militaires des plus grandes puissances mondiales. Sa situation géostratégique est son atout phare et la présence de ces bases soulève des enjeux économiques importants sur le territoire.
Les bases militaires de huit pays sont installées sur le littoral, près de la capitale, et environ 5000 soldats étrangers évoluent en leur sein (sans compter ceux présents sur les bateaux militaires). Le Japon, les États-Unis, la Chine, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite et l’Allemagne défendent leurs intérêts économiques et stratégiques en sol djiboutien.
Sa situation géostratégique
Entouré par la Somalie, l’Éthiopie et l'Érythrée, Djibouti doit sa stabilité politique aux sept bases militaires présentes en son sein. Avec plus de 372 kilomètres de côte longeant la mer Rouge et le golfe d’Aden, elle est face à un point de passage crucial pour le commerce maritime mondial. Sécuriser cet accès est essentiel pour les pays qui tirent des bénéfices des échanges de marchandises par voie maritime.
Cette situation est l’argument principal qui a poussé les plus grandes puissances du monde à investir dans la construction de bases militaires. Elle constitue « un point d’entrée pour les armées du monde désirant opérer en Afrique de l’Est, au Moyen-Orient et dans une partie de l’Asie », d’après le spécialiste du développement digital à la Banque Mondiale, Arthur Foch. « [Son] climat et son terrain désertique représentent une zone parfaite pour l’entraînement des soldats en contexte de guerre », un atout pour les armées selon lui.
La première implantation militaire à Djibouti provenait de la France. Anciennement colonisatrice du territoire, elle y a conservé une présence militaire malgré l’indépendance du pays en 1977. Quelques années plus tard, en 1990, Djibouti connaît une crise économique importante qui va le pousser à faire appel à des partenaires privés pour gérer son port. De grands pays tels que les États-Unis, le Japon ou encore l’Italie sont devenus des bailleurs de fonds sur ce territoire.
Ses enjeux économiques
Selon le docteur en géopolitique et président de l’association Stratégies africaines Patrick Ferras, « l’établissement de ces bases militaires sert les intérêts des pays locataires ». La Chine surveille la nouvelle route de la soie, un réseau d’infrastructures ferroviaires et de routes maritimes qui affirme son ambition économique internationale, les États-Unis luttent contre la piraterie somalienne. Une collaboration implicite entre les États installés à Djibouti provient de leurs manœuvres qui protègent le commerce maritime mondial. Cette implantation sert de tremplin économique à l’État bailleur. Le loyer versé pour établir une présence militaire a permis son enrichissement. Le Japon, la Chine, l’Italie, la France et les États-Unis paient respectivement 3, 17, 22, 30 et 56 millions d’euros, soit 128 millions au total. Cette contribution financière sert encore aujourd’hui pour la construction d’infrastructures et donne une visibilité sans précédent à Djibouti
Patrick Ferras explique que : « les bases militaires consomment : restaurants, électricité, réseau. » Il sous-tend la création d’un nombre important d’emplois pour les habitants de Djibouti, autre facteur expliquant le développement économique du pays. « C’est une entrée financière intéressante », ajoute-t-il. D’après les données de la Banque Mondiale, ce développement diminuera la pauvreté des habitants au cours des prochaines années.
Comme Arthur Foch l’indique, « cet échange économique entre l’État bailleur et les pays locataires profite à chacun ». C’est pourquoi ce commerce prospère et Djibouti reste un endroit privilégié pour établir une présence militaire.
Illustration: Bettie Desjardins