Chers lecteurs, lectrices et auditoire,
Le mot aspérité provient du latin Asperitas qui signifie gravité, férocité, rugosité. L’année 2020, traversée par la pandémie de la COVID-19, mais aussi par d’autres mouvements tels que le Black Lives Matter et les élections américaines, semble avoir approfondi des tranchées partout sur la planète. Les inégalités, tout comme les failles de certains de nos systèmes, ont été exposées au grand jour. Un retournement brusque, inattendu, souvent anxiogène, toujours déstabilisant.
Le journalisme n’a pas été épargné par ce grand chambardement. À distance, comment rendre encore compte de la réalité? Dans une ère de polarisation, comment offrir une information nuancée? Cloués et clouées au sol, comment traduire ce qui se passe ailleurs?
Cet automne, la brillante et dévouée équipe de L’Apostrophe s’est penchée sur des enjeux moins connus. De l’Iran à l’Éthiopie, en passant par la Suède, les Philippines, l’Argentine, la Biélorussie - et même l’espace - elle a souhaité rendre compte des luttes, des avancées et des reculs, bref, de cette toile rugueuse qu’est notre planète, aujourd’hui. Qui plus est, en choisissant d’approfondir un pays en particulier – le Myanmar, où l’arrivée de la démocratie coïncide avec l’un des plus récents génocides de notre époque – elle a voulu enraciner encore davantage sa vocation internationale ancrée dans des réalités contemporaines.
Si nous avons choisi le mot « aspérité », c’est certes parce qu’il représente une proéminence sur laquelle on peut trébucher, mais aussi une saillie à laquelle on peut s’accrocher. Qu’est-ce qui ressort des failles, de la radicalisation, de l’âpreté de notre époque? À quoi pouvons-nous encore nous rattacher? Cette édition rappelle que partout dans le monde se dessinent des mouvements sociaux, des innovations technologiques, des luttes politiques et des revendications identitaires. Que certains et certaines survivent aux génocides, capables ainsi de témoigner et de transmettre leur expérience.
C’est donc avec fierté que nous vous présentons l’édition Aspérité – Ce qui émerge des inégalités de notre monde. Une façon solide, nous l’espérons, d’entamer une nouvelle décennie d’existence pour L’Apostrophe.
Bonne lecture, écoute, et visionnement.
Lila Dussault et Laurence Taschereau
Co-rédactrices en chef de L’Apostrophe, novembre 2020
Crédit-photo: Daniel Leone, Unsplash