Chers lecteurs et lectrices,
Choisir d’écrire sur l’information internationale, c’est accepter de se confronter à l’inconnu, à l’altérité et à la différence. C’est sortir de sa zone de confort, aller à la rencontre de l’Autre et trouver un moyen de raconter pour créer un sens, pour partager et étoffer notre histoire commune.
Tout au long de cette année pandémique, L’Apostrophe a choisi de tenir le cap sur le monde, sur ces enjeux qui, même s’ils se passent à mille lieues de distance, nous interpellent et influencent notre communauté.
Pour les étudiants et étudiantes en journalisme, l’information internationale fait office de parent pauvre. À peine 6% de la couverture médiatique québécoise s’attarde au sujet, tandis qu’à travers tout notre cursus, un seul cours – optionnel – se penche sur la question. En pleine crise des médias, les postes de correspondants ou correspondantes à l’étranger diminuent comme peau de chagrin, et le choix d’envoyer des journalistes sur le terrain est souvent loin dans les priorités éditoriales. Or, chaque année, une quarantaine d’étudiants et étudiantes de l’UQAM choisissent malgré tout de se consacrer à comprendre et à vulgariser les enjeux internationaux pour leur communauté universitaire.
Force est de constater que ce qui se passe ailleurs interpelle toujours nos compatriotes. Nous avons donc, certes, le devoir de nous pencher sur ces mouvances, sur ces éléments qui émergent et fascinent, mais pas n'importe comment.
Cette année, c’est à travers un questionnement éthique que L’Apostrophe a réitéré son identité, celle du seul média étudiant au Québec à se consacrer à l’information mondiale. Dans la rédaction de chaque article, dans l’organisation de chaque évènement, nous nous sommes questionnées. À qui sert cette information? Comment la partager sans contribuer aux inégalités, aux rapports de force et de pouvoir? Est-il possible d’aller à la rencontre d’autres communautés avec ouverture et sensibilité? De raconter sans s’approprier, de faire preuve d’objectivité tout en tenant compte des traumatismes?
À l’heure où le futur de l’information internationale demeure incertain et où la forme même du journalisme est appelée à changer, L’Apostrophe a profité des récents bouleversements pour faire une prise de conscience et se positionner pour l’inclusivité – oui, même dans sa langue – mais surtout pour un regard différent qui se veut plus lucide, voire émancipé, sur le type d’information que nous vous offrons.
C’est dans cet esprit que, au cours de cette édition, nous avons tenté de raconter certains lieux et peuples hors des catastrophes et des clichés, hors des catégories de « développement » et des stéréotypes de pauvreté. Nous avons opté pour des histoires inspirantes, sincères et réalistes.
Nous avons choisi d’être les intermédiaires de ceux et celles qui racontent, innovent et avancent avec Caractère.
Nous vous souhaitons une excellente lecture,
Lila Dussault et Laurence Taschereau
Co-rédactrices en chef