Le nouveau président élu, Gabriel Boric, a promis à sa population un virage vert dès son entrée au pouvoir. Pourtant, quelques obstacles se dressent sur son chemin, notamment l’enjeu du lithium.
Riche en cuivre, en manganèse et en lithium, le Chili joue un rôle clé dans l’exportation de minerais sur la scène internationale. En matière de lithium, le pays se classe parmi les champions de l’industrie.
Le Chili extrait près de 14 000 tonnes de lithium par an, ce qui en fait le deuxième exportateur au monde. Ce minerai est convoité non seulement pour la production de cellulaires intelligents ou de pile double A, mais aussi pour la fabrication de batteries alimentant les voitures électriques.
La demande internationale pour ces voitures est en constante croissance depuis que plusieurs gouvernements, dont celui de Gabriel Boric, ont choisi de se tourner vers cette solution pour réduire l’émission de gaz à effet de serre dans leur pays. D’autres pays, comme le Canada et la Norvège, souhaitent miser sur les voitures électriques.
Un couteau à double tranchant
Si ces voitures électriques représentent en apparence une alternative moins polluante que les voitures à essence, l’extraction du minerai qui les compose est synonyme de plusieurs problèmes environnementaux. Le procédé repose sur l’évaporation de saumure, une eau recelant des sels métalliques, ce qui accélère le réchauffement climatique dans la région. Le Chili souffre déjà de sécheresse sur 72 % de sa superficie et 38% de la population habite une région à risque de désertification. L’écosystème ne pourra tout simplement pas supporter cette exploitation massive qui laissera des dommages irréversibles sur l’environnement.
Cristina Dorador, membre élue à la Convention constitutionnelle du Chili, exprime à merveille ce paradoxe : « Quelqu’un achète une voiture électrique et se sent très bien parce qu’il sauve la planète, mais, au même moment, un écosystème entier est endommagé. »
Le sort de l’industrie du lithium repose entre les mains des 155 membres de l’Assemblée constituante du Chili. Selon Mme Dorador, « [le Chili doit] partir du principe que l'activité humaine cause des dommages et se demander quels dommages [il veut] causer et quels sont ceux qui sont vraiment nécessaires pour bien vivre ». Elle affirme que cette question sera la fondation de la prochaine constitution.
L’entendez-vous? Le soupir de soulagement blême et lointain que laisse échapper la planète?
Pour une des rares fois de l’histoire, des législateurs et législatrices considèrent sacrifier croissance économique et PIB au profit de l’environnement.
La voiture (à essence ou électrique) est-elle nécessaire pour bien vivre? Elle l’est, faute de volonté politique et de créativité. Pourtant, plusieurs alternatives existent : freiner l’étalement urbain, favoriser la vie de quartier, aménager des pistes cyclables et des réseaux de transports en commun fiables, etc. Si le Chili adopte une telle transition, le pays effectuera un grand pas pour l'humanité, laissant derrière lui une petite empreinte écologique.
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