Aux prises avec divers problèmes de santé causés par des conditions de vie insalubres, dépourvues de ressources et de soutien de leur gouvernement, les femmes autochtones au Guatemala se tournent vers l’aide communautaire.
Depuis des siècles, le modèle culturel prédominant des communautés autochtones confine les femmes à la maison, raconte Ben Blevins, le cofondateur du Projet de soutien du haut plateau (HSP, Highland Support Project). Il ajoute qu’elles sont isolées de leur famille, dépendantes de leur conjoint souvent abusif et alcoolique ; elles restent dans leur foyer, faute d’éducation quant à leurs droits et d’un réseau de solidarité.
Le HSP œuvre depuis 30 ans pour offrir aux femmes autochtones du Guatemala des opportunités de leadership et d’émancipation. M. Blevins s’est donné comme mission d’« aider les organismes communautaires autochtones et de leur fournir les ressources nécessaires pour qu’ils soient des agents de changement ».
Un organisme par les femmes, pour les femmes
Opérant pour l’émancipation des femmes, le HSP soutient l’Association des femmes de l’Altiplano (AMA, Asociación de Mujeres del Altiplano), fondée par des femmes autochtones du Guatemala. Puisque le gouvernement guatémaltèque ne s’intéresse aux enjeux de cette population qu’en période d’élections, selon Katy Tuy, une femme autochtone maintenant employée de l’AMA, l’organisme ne pourrait exister sans le HSP.« Ils fournissent le réseau et les relations qui [nous] permettent de [fonctionner] », témoigne-t-elle.
Vivant à Santa Catarina, Mme Tuy déplore les ravages causés par les conditions de vie insalubres et la pauvreté : « la septicémie et d'autres problèmes liés à l'hygiène sont la principale cause de mortalité dans la région ».
Selon elle, les terres des hauts plateaux, isolées au-delà des montagnes, sont peu propices à la culture de produits végétaux. La majorité des produits accessibles sont chimiques et transformés, constituant souvent une alimentation de piètre qualité.
En quête d’indépendance
Cet organisme offre aux femmes divers ateliers, allant de l’estime de soi à l’obstétrique, l’éducation sexuelle, l’hygiène, la cuisine ou la nutrition. Il soutient également celles qui veulent faire leurs études ou se trouver un emploi. Les femmes rapportent surtout y trouver une communauté, un endroit où elles peuvent s’entraider pour devenir autonomes, affirme la cofondatrice et directrice de l’AMA, Guadelupe Celeste Ramírez.
Le but est de les aider à développer les capacités, la confiance et l’éducation nécessaires pour améliorer leur vie : « Elles ont une voix et elles ont le choix, elles peuvent choisir quand elles veulent partir. », prononce Mme Celeste Ramírez.
« Quand une femme fait quelque chose de complètement indépendant de nous et qu’elle est fière et excitée de ce qu’elle a fait, nous considérons cela comme un succès », complète M. Blevins.
Illustration : Naïla Kitiara Houde