Haïti baigne dans l’instabilité sociopolitique depuis la prise en charge de la capitale par les groupes criminels armés. L’insécurité du pays force la fermeture de plusieurs écoles, laissant des centaines de milliers d’enfants sans accès à l’éducation.
Le 1er juin 2021, un groupe criminel armé basé au sud de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, décide de bloquer la route nationale reliant la capitale et le sud du pays. Environ un mois plus tard, le président Jovenel Moïse est assassiné. Depuis ces évènements, l’instabilité et l’insécurité dans le pays sont en hausse.
Les groupes criminels armés contrôlent majoritairement le territoire de Port-au-Prince, débordant de lieux stratégiques. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), environ 900 écoles de la capitale ont donc été forcées de fermer leurs portes pour des raisons de sécurité.
Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), 68% des enfants issu(e)s des ménages les plus pauvres fréquentent l’école primaire. Même si environ 92% des ménages plus riches vont à l’école, la qualité des apprentissages reste inadéquate. C’est donc 2 enfants sur 10, entre 6 et 11 ans, qui ne vont pas à l’école et le climat politique actuel ne fait qu’augmenter davantage ce nombre.
Selon Étienne Côté-Paluck, journaliste et rédacteur en chef de Haïti Magazine, plusieurs enfants déscolarisé(e)s sont récupéré(e)s par les groupes criminels armés, les amenant à être confronté(e)s au milieu criminel dès un très jeune âge. Plusieurs d’entre eux et elles voient ce chemin comme une porte de sortie de la pauvreté, notamment en raison des gains économiques rapides qu’ils et elles peuvent y faire. Les enfants sont donc amené(e)s à faire partie de ces groupes afin de pouvoir subvenir à leurs besoins de base et à ceux de leurs familles.
Une fragile lueur d’espoir
Malgré les tensions socioéconomiques du pays, quelques écoles privées de Port-au-Prince demeurent ouvertes. Cependant, ces écoles sont inabordables pour plusieurs familles haïtiennes.
Les jeunes étudiants et étudiantes des écoles privées font de leur mieux pour rester concentrées: « même si parfois c'est dur à cause des tirs qu'on entend [...] on essaie de tout faire pour ne pas laisser cette situation nous déstabiliser. Donc, on essaie de [se] motiver entre nous, de faire des groupes et de travailler ensemble [...] », témoigne Ann-Debby Surin, une élève de terminale aux Cours Privés Edmé à Port-au-Prince.
M. Côté-Paluck explique également que l’éducation en Haïti est un acquis essentiel. Les familles vont donc prioriser d’envoyer leurs enfants à l’école pour leur permettre de monter dans l'échelle sociale.
« Ce sont des enfants qui font tout pour apprendre. Malheureusement, il y en a beaucoup qui sont déplacés, qui habitent chez des tantes, chez des oncles et qui ont quitté leur maison. Ce n'est pas évident, ce n'est pas facile. » , déclare Roody Edmé, enseignant et responsable des Cours Privés Edmé.
Le futur de l’accès à l’éducation des jeunes haïtien(ne)s est entre les mains de l’État. Malgré tout, des organismes comme UNICEF Haïti aident à contrer le manque d’accès à l’éducation en améliorant la qualité des apprentissages et en accordant une attention particulière aux familles plus démunies.
Crédit photo : Chuttersnap