Le 12 octobre dernier, le Festival du Nouveau Cinéma a présenté l'œuvre documentaire How to Save a Dead Friend de Marusya Syroechkovskaya. Ce collage autobiographique filmé sur 12 ans met en lumière les côtés sombres de la dépendance et la détresse collective d’une génération russe oubliée par son pays.
How to Save a Dead Friend est un scrapbook de soirées festives et de confessions intimes d’une adolescente puis d’une adulte anticonformiste luttant contre l’envie de mourir. C’est aussi l’histoire d’amour fusionnelle et ravageuse de Marusya et Kimi, dont le suicide est annoncé dès la première scène du film. Entre 2005 et 2016, les amoureux ont tenté de survivre dans ce que la réalisatrice appelle la « Fédération de la dépression », soit la Russie de Poutine.
Dès le début du documentaire, le thème de la mort envahit l’espace. Il est presque banalisé par la narratrice, qui nomme ses amis décimés un à un. Nous avons été troublées par la proximité du mal-être de Marusya et Kimi avec le spectateur. Nous avons pris le rôle, malgré nous, de témoin devant la déchéance de l’amoureux de la réalisatrice.
Dans un contexte politique des plus actuels, soit le régime quasi-fasciste de Poutine, How to Save a Dead Friend garde une dimension très personnelle. La réalisatrice a qualifié sa caméra d’ « outil de survie, avec une utilité réflexive ». Selon elle, puisque son être aimé n’avait pas cet objet pour le garder en vie, il a dû succomber aux dommages de la « Fédération de la dépression ».
Photo: Lucas Jallot