Depuis la mise en place du nouveau cadre, les athlètes transgenres peuvent concourir sans restrictions aux Jeux olympiques, selon le genre auquel ils et elles s'identifient. Bien que cette décision se veuille inclusive, quelques athlètes cisgenres crient à l’injustice. Or, la pratique sportive peut-elle réellement rester intègre tout en étant inclusive?
Au cours des dernières années, plusieurs athlètes de haut niveau ont vu leur rêve olympique piétiné par des règlements discriminatoires. Des femmes transgenres présentant un taux élevé de testostérone, comme l’athlète CeCé Telfer, se sont butées à la passation de tests de « féminité » et n’ont pas pu participer aux Jeux olympiques. Telfer avait pourtant été la première athlète ouvertement transgenre à remporter le championnat du National Collegiate Athletic Association (NCAA) en 2019.
Les femmes transgenres sont souvent plus fortes biologiquement et pourraient être avantagées dans les épreuves d’haltérophilie ou de lutte, par exemple. Si les craintes des athlètes cisgenres sont justifiées, l’inclusion dans le sport est un enjeu complexe qui mérite d’être nuancé.
Quand la biologie s’en mêle
Dans une déclaration publiée par le British Medical Journal Open Sport & Exercise Medicine, la Fédération internationale de médecine du sport (FIMS) et la Fédération européenne des associations de médecine du sport (EFSMA) attestent que les aspects « scientifiques, biologiques ou médicaux » n’ont pas été pris en compte lors de la décision du CIO.
Dans cette même déclaration, les fédérations affirment que la testostérone, désormais écartée des conditions d'admissibilité, est un facteur qui différencie de façon majeure les performances sportives des hommes et des femmes. Ainsi, une femme transgenre qui n’a pas suivi de thérapie hormonale serait forcément avantagée si elle compétitionne dans la catégorie féminine des épreuves.
Un sport inclusif, c’est possible?
Alors que les Jeux olympiques de Pékin se déroulent actuellement avec au moins 35 athlètes faisant partie de la communauté LGBTQ+, soit plus du double qu’aux derniers Jeux d’hiver, on peut se demander si le CIO pourrait apporter de nouvelles modifications à son cadre.
Les athlètes transgenres et les femmes avec un taux de testostérone élevé se sont battues pendant des années pour obtenir le droit de participer dans leur catégorie. Maintenant que ce droit leur est accordé, d’autres athlètes protestent contre ce changement. Ce cercle vicieux ne semble pas près de s’arrêter.
Un sport inclusif et intègre devrait être l’essence même de la pratique sportive. Le CIO a certainement fait un pas vers une meilleure inclusion avec le nouveau cadre, mais la ligne d’arrivée est encore loin. Cela étant dit, peut-être serait-il temps de revoir ces mesures en considérant à la fois les droits de la personne et la science. Si c’est fait, les Jeux olympiques de Paris pourraient devenir les premiers jeux intègres et inclusifs.
Photo: Nicolas Hoizey Poa, Unsplash