Rituel guerrier utilisé pour effrayer ses adversaires, danse funéraire servant à honorer les morts, exercice physique ou même chorégraphie pratiquée pour se donner courage et se concentrer, le haka, symbole des peuples autochtones maoris de la Nouvelle-Zélande et des îles Cook, connaît une popularité mondiale grandissante.
Selon la légende maorie, le haka proviendrait du dieu Tane-rore, fils du dieu Soleil et de la dame de l’Été. Le kapa haka représente le groupe formé par les danseurs qui se réunissent pour effectuer l’un de ces rituels. Dans la langue maorie, ces deux mots signifient respectivement «équipe» et «danse de guerre».
«À travers l’histoire, les Maoris se sont mis à utiliser le haka en guise de danse pour intimider quelconque troupe guerrière leur faisant face, ou comme rituel avant de quitter leur village pour aller se battre», souligne le spécialiste en culture maorie au musée Te Manawa en Nouvelle-Zélande, Morehu Roberts-Tuahine.
Les All Blacks et leur influence
À l’international, «le haka s’est fait réellement connaître pour la première fois par l’entremise des All Blacks», affirme M. Roberts-Tuahine au sujet de l’équipe de rugby néo-zélandaise. Bien qu’il existe plusieurs types de hakas, le ka mate est celui pratiqué par les All Blacks. Avant chaque partie, l’équipe fait une démonstration sur le terrain afin de décourager ses adversaires et, par la même occasion, capter l’attention de la foule à l’international. Morehu Roberts-Tuahine souligne qu’avec la grande couverture médiatique des matchs de rugby à travers le monde, le haka est rapidement devenu un symbole de la culture maorie en Nouvelle-Zélande.
La popularité du haka est apparue en 1987, en même temps que la création de la Coupe du monde de rugby, d’après la spécialiste en recherche maorie à la bibliothèque centrale d’Auckland, Jacqueline Snee. Les All Blacks ont exécuté leur premier haka en 2005 et, depuis, une tradition s’est installée. Mme Snee croit que l’implication de certaines personnalités connues dans le haka serait un autre facteur expliquant sa soudaine popularité. L’acteur d’origine océanienne Jason Momoa, par exemple, en a interprété un sur le tapis rouge du film Aquaman devant un grand auditoire et plusieurs caméras.
Bien que l’appréciation internationale d’un symbole de leur culture soit bénéfique pour les Maoris, leur peuple n’en profite pas pour autant. Malgré les nombreux efforts des Maoris pour maintenir leur héritage linguistique en vie, Jacqueline Snee affirme que «seulement 20% de la population néo-zélandaise parle maori». Cependant, la langue, tout comme le haka, est enseignée dans les écoles, ce qui permet aux Maoris de partager leur patrimoine culturel avec le reste de la population de la Nouvelle-Zélande.
Illustration par Lila Maître