La lutte contre les changements climatiques a poussé bien des pays à se fixer l’objectif ambitieux d’atteindre la carboneutralité. Toutefois, tous ne sont pas égaux quant à l'application d’une telle mesure.
Les pays scandinaves sont sans aucun doute les chefs de file en la matière. La Norvège mène le bal en prévoyant être carboneutre d’ici 2030. Or, bien que leur intention soit noble, ces pays sont loin d’être les plus gros pollueurs de la planète comparativement aux États-Unis ou aux autres grands pays industrialisés.
Les individus qui composent ces derniers, considérant leur niveau de consommation, contribuent de manière disproportionnée au réchauffement climatique. Ainsi, trop souvent, ces pays mettent en place des objectifs tels que la carboneutralité afin de se donner bonne conscience, mais leurs cibles sont rarement atteintes.
Il serait injuste de demander aux plus pauvres de contrebalancer les écarts des plus riches. Il reste que des pays en développement comme l’Inde et la Chine se taillent de plus en plus une place de choix sur l’échiquier des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre (GES).
Pourtant, bien que les conséquences des changements climatiques se fassent tout particulièrement sentir dans ces régions, l’urgence d’agir n'est pas là. La Chine s’est dotée de l’objectif d’être carboneutre d’ici 2060, mais pour un pays qui base encore plus de 57% de son énergie sur le charbon, difficile d’imaginer comment elle y arrivera.
Le défi d’applicabilité
Tous n’ont pas la chance d’être de grandes puissances économiques. Les Philippines, fortement atteintes par les inondations, et le Tchad, un des pays les plus touchés par la désertification, doivent composer avec très peu de moyens pour échapper à l’impact du réchauffement climatique. Dans ces pays, où la pauvreté place les populations en situation de grande précarité, les gens disposent d’un faible niveau d’éducation, particulièrement en ce qui a trait aux questions environnementales.
Pourtant, certains y arrivent malgré tout. Le Bhoutan et le Suriname sont déjà carboneutres. Malgré une économie peu développée, le Bhoutan s’est fixé des objectifs supplémentaires comme l’accès à l’électricité gratuite pour les agriculteurs et la priorisation des ventes de voitures électriques grâce à un partenariat avec l’entreprise Nissan. Le pays a également inscrit à même sa constitution l’obligation de protéger 60% de ses forêts et zones boisées.
En Europe, le succès des pays scandinaves s’explique d’ailleurs par l’éducation à l’environnement, qui est mise de l’avant. D’autres défis peuvent compliquer l'atteinte de la carboneutralité, comme la configuration du territoire et l’accès à des ressources naturelles propres telles que l’hydroélectricité ou l'énergie éolienne. Il n’en demeure pas moins que deux éléments sont essentiels, soit l’argent et la volonté. Les pays scandinaves ont la chance d’avoir ces deux ingrédients.
Force est de constater que les pays qui contribuent le plus aux changements climatiques sont aussi ceux qui ont le plus de moyens pour les combattre, mais ce ne sont pas nécessairement ceux qui en font le plus pour faire face à la situation: un cercle vicieux dans un monde qui dépend encore trop des énergies fossiles pour se développer économiquement.
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