Le 8 novembre dernier, l’ancien président de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), Sepp Blatter, a ouvertement avoué l’erreur d’avoir octroyé la Coupe du monde au Qatar en 2010. Il explique qu’une rencontre entre Nicolas Sarkozy et Michel Platini a eu une influence sur le choix controversé de la FIFA.
« Pour moi c’est clair : choisir le Qatar était une erreur. C’était le mauvais choix », a lancé, sans mâcher ses mots, Monsieur Blatter en parlant du pays hôte de la Coupe du monde 2022.
Pourtant, M. Blatter n’a pas justifié son opinion en exposant les quelque 6 500 morts estimées sur le chantier ; en abordant comment les relations sexuelles entre hommes sont interdites et passibles d’une peine d’emprisonnement de sept ans, ou encore, comment le système de tutelle en vigueur restreint le droit des femmes. M. Blatter s'est contenté d’affirmer que le pays hôte est « trop petit » pour accueillir la plus grande compétition mondiale de soccer. Vérité ou choix de paroles prudent d’un homme autrefois haut placé?
Cette année, la compétition qui rallie habituellement les adeptes du sport par leur passion commune, en les rassemblant dans un même stade ou en les attirant vers le même écran, les ralliera aussi sous un même drapeau des revendications des droits de l’Homme.
Suivre l’événement mondial revient-il à soutenir des démarches immorales, des conditions inhumaines? Quel est le prix à payer pour l'organisation d’une telle compétition si ce n’est de notre intégrité?
L’émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, a beau avoir déclaré vouloir « poursuivre le travail pour élever le nom de [sa] Nation » et montrer l’hospitalité généreuse des Qatari.es, le tout reste immoral. Allez parler aux familles qui apprennent le décès de leur être cher, tombé au chantier de la Coupe. Pour eux, le prix à payer était clair.
Illustration: Magali Brosseau