En juillet 2021, lors de la cinquième élection en cinq ans, le gouvernement gauchiste de Pédro Castillo fut élu avec des promesses électorales misant sur l’aide aux populations autochtones du pays. Dans ses promesses électorales, il a abordé l’importance de les consulter lors des décisions politiques dans le cadre d’ une approche décoloniale.
Le parti du nouveau président est un parti de gauche. Son programme résonne auprès de deux nations péruviennes, les Campesinos (les paysans et paysannes) et les Indigenas (les Autochtones), qui ont voté en majorité pour élire le nouveau représentant.
Ces nations, qui habitent respectivement dans les Andes et majoritairement dans la région de l’Amazonie, ont toutes deux été affectées dans les dernières années par les politiques des gouvernements de droite. « Le président s’est fait élire sur une base de sympathie culturelle. Les communautés autochtones du Pérou se sont senties représentées et écoutées par Pedro Castillo, qui lui s’identifie comme étant Campesino », explique le professeur en histoire et en ethnographie à l’Université de Lima et chercheur au ministère de la Culture au Pérou, Juan Carlos La Selva.
« La gauche moderne prend en considération le féminisme, l’environnement et les Autochtones. Le Pérou est en retard, mais Pedro Castillo a déjà changé quelques ministres pour avoir plus de femmes à ses côtés. Il a une ouverture que les autres n’avaient pas avant », explique l'anthropologue et professeure en relations internationales, Nancy Thede.
Selon Mme Thede, la définition de l’approche décoloniale de Pedro Castillo reste assez vague, mais l’important est qu’il veut enlever le pouvoir aux multinationales et le remettre entre les mains des classes populaires. De son point de vue, c’est une politique qui reste curieuse, mais qui est nécessaire pour l’avenir du Pérou.
Selon elle, le président doit jongler entre plusieurs intérêts distincts du peuple qui n’avaient pas été pris en compte auparavant. Par exemple, les Campesinos souhaitent développer leur économie grâce à la culture du coca. Les Indigenas, quant à eux, s’opposent à cette agriculture afin de préserver leur territoire.
Jusqu’à présent, aucune solution n’a été proposée et des tensions apparaissent entre les deux peuples. La communauté Indigenas, minoritaire au Pérou, est tout de même protégée par la motion 129, qui a été approuvée par la International Union for Conservation of Nature (IUCN). Cette motion affirme « qu'il est urgent que des mesures, politiques et actions dans tout le bassin amazonien soient prises pour protéger efficacement leurs droits [des peuples autochtones] dans leur intégralité ».
Une approche décoloniale
« Il a promis une approche décoloniale, mais contrairement au modèle bolivien, lui, ne s’est basé sur aucun principe, aucune ligne directrice pour tenir cette promesse. C’est plus ou moins des paroles en l’air », évoque M. La Selva.
Selon Mme Thede, la définition de l’approche décoloniale de Pedro Castillo reste assez vague, mais l’important est qu’il veut enlever le pouvoir aux multinationales et le remettre entre les mains des classes populaires. De son point de vue, c’est une politique qui reste curieuse, mais qui est nécessaire pour l’avenir du Pérou.
« C’est la manifestation d’une prise de conscience au Pérou », exprime-t-elle. Pedro Castillo est un vecteur de changement. Selon l’experte, le nouveau gouvernement socialiste tente de faire changer les choses en démontrant son ouverture d’esprit et sans trop brusquer les points de repère politiques du peuple.
Photo: Malika Alaoui