L'ophtalmologue chinois Li Wenliang a sonné l’alarme au début du mois de janvier, avertissant ses collègues médecins qu’un dangereux virus causant des problèmes respiratoires circulait dans la ville de Wuhan, en Chine. Suite au partage de captures d’écran de ses écrits sur Internet, il a été arrêté par les autorités chinoises quelques jours plus tard, l’accusant de « perturber l’ordre social » et de propager des rumeurs.
Quelques jours avant que l’épidémie du coronavirus, ou COVID-19, soit officiellement déclarée.
La censure en science ne date pas d’hier. Le célèbre mathématicien et astronome italien, Galilée, aurait, selon la légende, marmonner « E pur, se muove » (« Et pourtant, elle tourne » en français) en sortant du procès qui le condamnera à abjurer sa théorie du mouvement des planètes, considérée comme hérétique par l’Église catholique de l’époque.
Le contexte historique de Galilée ne fait pas de son histoire une exception. Celle de Li Wenliang y fait drôlement écho. Le médecin est décédé en héros national le 7 février dernier, en se battant contre le virus qui lui a donné sa réputation de lanceur d’alerte. Quand on parle d’ironie.
À quel moment la communauté scientifique a-t-elle hérité du rôle de méchant? Toute théorie scientifique a pour condition à son existence de pouvoir être contre-vérifiable. C’est le concept de la réfutabilité. Aucune exception pour celle qui prétend détenir la vérité absolue sans avoir l’humilité d’avouer ses limites.
Alors, pourquoi lapider le premier qui tente d’émettre une hypothèse qui n’en est qu’à ses premiers balbutiements? Pourquoi ne pas avoir creusé plus loin avant de lui clouer le bec? Cette attitude, complètement anti-scientifique et arriérée, va à l’encontre de l’ère du temps. Cette censure a coûté la vie à Li Wenliang et des milliers d’autres subiront bientôt le même sort si les gouvernements ne se réveillent pas face à l’urgence climatique.
À quand le moment où la volonté de comprendre ne sera plus stigmatisée?
Photo par NIAID, flickr