Wet'suwet'en, Joyce Echaquan, Raphaël André: ces noms ont tour à tour fait leur chemin dans nos salles de rédaction et dans nos maisons. À chacun et chacune sa crise, mais la question reste la même: qu’en est-il de la représentativité?
Un angle mort accapare les médias du Québec. De manière volontaire ou non, les intérêts et les réalités des communautés des Premières Nations, Métis et Inuit de la province ne sont que trop souvent inclus de manière épisodique et sans nuance. Cette tendance à homogénéiser et instrumentaliser les réalités autochtones est malheureusement bien présente dans les médias et cela influence l’opinion de la population allochtone sur sa représentation des Autochtones.
Dans son ouvrage L’état de l’information locale, régionale et nationale au Québec: Le point de vue des Premières Nations, la professeure en communication de l’Université de Sherbrooke Marie-Ève Carignan, rappelle que les médias sont « le reflet de la société et de la culture dans laquelle ils s’inscrivent » et « jouent un rôle capital dans nos sociétés démocratiques et influencent nos choix politiques, sociaux et culturels. »
Biais et méconnaissance
Le rôle du journaliste, qu’il soit généraliste ou spécialiste, est de couvrir l’actualité avec une pondération juste, des mises en contexte complètes et une envie de communiquer les faits, et ce, sans paresse d’esprit. Bien sûr, l’objectivité n’est que mythe dans l’univers journalistique. Néanmoins, son absence ne devrait pas être synonyme d’inégalité.
Pour les Québécois et Québécoise, les médias sont la source numéro un d’informations sur les peuples autochtones, selon le rapport de la Commission Viens.
De ce fait, la compréhension des contextes politiques, juridiques, historiques et culturels entourant les nations autochtones repose en grande partie sur les épaules des journalistes et des grands médias du Québec. Le citoyen moyen ne passera pas par une chaîne de radio innue pour en apprendre plus sur leur culture. Il va attraper l’information au vol lorsqu’un ou une journaliste y prêtera attention, et il croira ce qu’il lira.
Cependant, il est compréhensible qu’un ou une journaliste non spécialisé dans les sujets autochtones ne puisse comprendre les enjeux territoriaux, les droits ancestraux ou le système juridique et politique entourant ces communautés, comme l’explique Éric Cardinal, ancien journaliste et chef de cabinet du ministre responsable des affaires autochtones dans son mémoire Les Autochtones dans l’espace médiatique québécois.
Étudier et enseigner
Néanmoins, il est très important pour les journalistes du Québec de réaliser l’impact que leurs mots et leur manque de connaissances peuvent avoir sur les Premiers Peuples. Les communautés autochtones forment un total de plus de 2,3 % de la population québécoise, un chiffre qui augmente plus vite que celui des Allochtones.
Il serait fondamental que, dans un futur proche, les questions en lien avec les communautés autochtones soient partagées avec la population à une fréquence qui ne se limite pas aux crises. Que les articles soient plus étoffés de mises en contexte et d’explications éducationnelles afin de briser les stéréotypes se dissimulant sous certaines formulations engourdies. Mais aussi, que ces communautés soient représentées non seulement pour leurs enjeux, mais aussi pour la diversité de leur culture, l’apport important de leur savoir dans plusieurs domaines d’intérêt public et aussi, pour leur simple présence ancestrale sur le territoire québécois.
Crédit-photo: Camilo Jimenez | Unsplash