Au Monténégro, en 2016, le tabac était responsable de 33,5% plus de décès que la moyenne des autres pays avec un indice de développement humain comparable, selon The Tobacco Atlas. Face au fléau du tabagisme, une poignée d’experts et d’expertes ne baissent pas les bras et désirent guérir leur pays.
Le Monténégro perd la lutte face au tabagisme, depuis les dernières années, en raison d’un manque de coordination dans différents secteurs, selon la professeure adjointe à la Faculté de médecine de l’université du Monténégro et coordonnatrice nationale pour la lutte antitabac, laAgima Ljaljevic. « Il n'existe actuellement aucun organisme intersectoriel de lutte antitabac, mais il est prévu [que la santé publique] en crée un et définisse une stratégie de lutte [d’ici la fin de l’année 2022] », précise celle qui joue un rôle crucial dans la lutte contre le tabagisme.
Coordonner les efforts
La Mina Brajovic, cheffe des bureaux de l’OMS au Monténégro, pense que pour freiner ce qu’elle qualifie d’une « épidémie du tabagisme » au pays, il faudra « un engagement politique fort, une collaboration multisectorielle à l’échelle nationale et régionale, mais aussi un partenariat et un engagement du secteur civil ».
« Il est nécessaire de mettre l'accent sur une communication efficace pour contrer la publicité et la promotion de l'industrie du tabac [qui utilise] de plus en plus de nouvelles tactiques publicitaires pour commercialiser ses produits », affirme la DBrajovic.
Un message à adresser aux jeunes
« Des progrès significatifs ont été réalisés dans l'application de la loi sur la restriction de l'usage des produits du tabac », précise la Agima Ljaljevic. Une meilleure application de cette loi a permis au courant des dernières années de « réduire la fumée secondaire » et donc les effets sur les jeunes.
L’Institut de santé publique du Monténégro où travaille la Dre Ljaljevic met en œuvre des programmes de promotion et de prévention du tabagisme par le biais d'activités d'éducation à la santé et de campagnes distinctes, même si le faible nombre de professionnels et professionnelles ralentit les choses.
Cependant, c’est surtout la situation des jeunes qui inquiète sur place. « Le fait est qu'il faut travailler davantage pour augmenter le nombre d'activités et améliorer la qualité des campagnes, avec des messages destinés aux jeunes », croit la DLjaljevic. Celle-ci souligne l’existence de « programmes de sevrage tabagique pour les enfants et les jeunes au pays ».
Malgré tout, la docteure Mina Brajovic se montre optimiste. Elle croit qu’un avenir sans tabac est un impératif et qu’il est encore possible d'inverser la tendance. Pour sa part, la Dre Ljaljevic s’attend à ce que « le nombre de fumeurs soit réduit dans un avenir proche, avec l'engagement compétent de toutes les capacités responsables ».
Photo : Victoria Boisclair