Imaginons un athlète de haut niveau, comme Carey Price : on pense à quelqu’un de fort, de beau et de solide. Un athlète coriace, infaillible, qui a pourtant révélé vivre avec des problèmes de santé mentale. Ce stéréotype, durement ancré, empêche encore un trop grand nombre d’athlètes en détresse psychologique d’obtenir l’aide nécessaire.
Cette année, les Jeux olympiques de Tokyo ont été secoués par une vague de sensibilisation à la santé mentale. Les olympiennes Simone Biles et Naomi Osaka ont choisi de prioriser leur bien-être psychologique en renonçant à plusieurs épreuves, en dépit de la pression nationale qui pesait sur leurs épaules.
Malgré ces prises de paroles de plus en plus fréquentes, le tabou demeure, comme une vieille gomme collée sous le banc des joueurs. Pourtant, les statistiques sont alarmantes : près du quart des athlètes d’élite souffriront de dépression au cours de leur carrière, selon la psychologue Suzanne Comeau. Beaucoup attendront même la fin de celle-ci avant d’aller chercher de l’aide. C’est là que les entraîneurs et entraîneuses entrent en jeu.
Au premier rang de l’évolution des athlètes, ces derniers et dernières sont un point central de l’accompagnement psychologique de l’élite sportive. Par peur du jugement, les athlètes hésitent à faire part de leur détresse aux personnes qui les accompagnent. Les acteurs et actrices du milieu sportif devraient suivre obligatoirement des ateliers et des stages de sensibilisation à la santé mentale afin de mieux soutenir leurs athlètes.
Si ceux-ci sont utilisés adéquatement, les réseaux sociaux pourraient contribuer à briser les tabous entourant les problèmes de santé mentale : partager les témoignages d’athlètes qui ont souffert de dépression ou d’anxiété, par exemple, pourrait favoriser la création d’un esprit de communauté et d’entraide.
Une plus grande sensibilisation médiatique
Pendant la pandémie, plusieurs athlètes ont pu rester connectés virtuellement avec leur équipe, brisant l’isolement qu’ils ont pu ressentir, selon l’étude Les athlètes comme modèles pendant la COVID-19. Si ceux-ci sont utilisés adéquatement, les réseaux sociaux pourraient contribuer à briser les tabous entourant les problèmes de santé mentale : partager les témoignages d’athlètes qui ont souffert de dépression ou d’anxiété, par exemple, pourrait favoriser la création d’un esprit de communauté et d’entraide.
L’efficacité de cette ressource reste toutefois limitée dans des pays tels que la Chine, la Turquie et l’Iran, qui sont soumis à un contrôle sévère de l’information. Le milieu sportif pourrait, par exemple, soumettre les athlètes à une évaluation psychologique avant les compétitions internationales afin de pallier ce manque.
Le Québec comme modèle
Même s’il existe déjà quelques programmes d’aide pour les athlètes de haut niveau, comme le programme d’aide de la Ligue nationale de hockey, c’est encore loin d’être suffisant. Au Québec, l’organisme sans but lucratif Sport’Aide offre plusieurs services d’accompagnement et d’écoute aux jeunes sportifs et sportives et à leur entourage. C’est ce genre de ressources que les athlètes de haut niveau devraient recevoir à l'échelle mondiale. Quand il est question de prévention de la santé mentale dans le sport, le Québec est certainement un modèle à suivre.
Il est plus que temps pour le milieu sportif de tendre la main à ses athlètes et de frayer le chemin à une plus grande reconnaissance de leur vulnérabilité. L’époque du sportif inébranlable est révolue.
Photo: Retha Ferguson, Pexels