Le 30 octobre 2023 marque le premier anniversaire du couronnement de Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence du Brésil aux dépens de Jair Messias Bolsonaro. Un an après cette victoire, un vent de changement souffle sur cette nation d’Amérique du Sud.
En obtenant 50,9% des suffrages lors de l’élection la plus serrée du pays à ce jour, Lula met fin de manière in extremis au règne de Bolsonaro et de ses idéologies d’extrême droite.
La gestion jugée inadéquate de la pandémie, la propagation de fausses nouvelles, ainsi qu’une négligence accrue de l’environnement caractérisent le mandat du président sortant.
Un gouvernement polyvalent
Lula est souvent qualifié comme étant l’envers de la médaille Bolsonaro, soit comme un chef d’État à la tête d’un gouvernement aux convictions strictement à gauche. Le professeur honoraire de l’Université de Montréal et collaborateur de l’Université fédérale de Rio de Janeiro, Milton Campos, rappelle que « son parti est à gauche, mais que ce n'est pas un gouvernement de gauche ».
Ces propos s’expliquent par la structure gouvernementale du Brésil, qui repose sur un système où le président est élu séparément des députés et des sénateurs et sénatrices représentées au Congrès national. « Le président gouverne de la façon dont il le souhaite, souligne M. Campos. Il est au sein d’un parti, mais il n'a pas la majorité du Congrès national ».
La collaboration et la négociation sont donc de mise afin de faire approuver certains projets de loi. « Lula est sincère quand il dit qu'il veut appuyer et diminuer l'inégalité, parce qu'il promet des politiques pour essayer de diminuer l'écart entre les classes sociales au Brésil , mentionne M. Campos. Donc, il en fait un peu pour le capitalisme, un peu pour le peuple, un peu pour [le secteur agroalimentaire] et un peu pour les églises évangéliques, qui représentent 30% du Congrès et qui sont toutes bolsonaristes ».
Des tensions à la baisse
L’étudiante en relations internationales à l’Université de São Paulo, Laura Caroline Leme Bonani, dénote un climat beaucoup moins chaud au sein du Congrès depuis l’élection de Lula. « Maintenant, je trouve que ces relations sont plus calmes, évoque Mme Bonani. C'est la politique, ils ont des différends, mais ils se parlent. Bolsonaro, ce n'était pas comme ça, [il y avait de la ] confrontation tous les jours. Il n'y avait pas tant de place pour le débat politique ».
Cette résurgence de la liberté d’expression se reflète aussi à l’extérieur du cadre politique, notamment au sein de la communauté LGBTQIA2S+. « Les couples gais se promènent [librement], illustre M. Campos. Pendant le gouvernement Bolsonaro, quand ils le faisaient, ils étaient parfois battus mais cela a diminué de façon marquée ».
Une lutte à compléter
Malgré les avancées du gouvernement Lula, le Brésil demeure un pays touché par une forte disparité entre plusieurs classes sociales, notamment en raison de la pauvreté et de la violence.
La réduction de cette disproportion entre certaines classes de la population est un plan à long terme. « Ces inégalités sociales brésiliennes demandent deux siècles de bon gouvernement », souligne M. Campos.
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Montage photo : Philip Bossé