Les groupes radicaux dans de nombreuses démocraties à travers le monde sont de plus en plus populaires. Cette montée de l’extrémisme se fait au moment où, pour la première fois de l’histoire, des algorithmes s’invitent dans nos espaces publics et décident qui a accès à quelle information.
La radicalisation de la population s’est récemment manifestée à Ottawa alors que des drapeaux nazis et confédérés ont été brandis par des contestataires prenant part à l'autoproclamé « convoi de la liberté » s’opposant aux mesures sanitaires plus tôt en février.
De manière plus tragique, on peut lier cet extrémisme directement à la fusillade de la mosquée à Québec, où 6 personnes furent tuées en 2017, et à l’attaque au camion-bélier à Toronto, qui a fait 10 morts en 2018. Après les évènements, on apprenait dans les médias qu’Alexandre Bissonnette et Alek Minassian, les deux hommes responsables de ces tueries, avaient été radicalisés sur les médias sociaux.
Quand le confort mène à l'extrémisme
Bissonnette et Minassian ne sont malheureusement pas les seuls à avoir été radicalisés de cette façon. Le phénomène de la radicalisation en ligne est connu et étudié. Les médias sociaux prennent en compte les habitudes en ligne et les relations des internautes afin de leur proposer un contenu personnalisé.
Souvent, les personnes sont exposées principalement aux sources qui renforcent leurs points de vue et aux opinions similaires aux leurs. De cette façon, bien des utilisatrices et des utilisateurs branchés sur les médias sociaux sont confinés à leurs chambres d’écho.
La démocratie dans un univers parallèle
Des milliards de personnes utilisent les médias sociaux et sont potentiellement captives d’une chambre d’écho qui les déconnecte de plus en plus de la réalité. Il est de plus en plus laborieux de faire avancer les conversations sociétales qui sont nécessaires à nos démocraties quand il faut constamment débattre sur des faits qui devraient être consensuels. Comment peut-on s’entendre sur quoi que ce soit quand une partie de la population ne croit pas que les changements climatiques sont causés par les humains ou que Joe Biden est le président des États-Unis?
Pour plusieurs, rendre public le fonctionnement des algorithmes des principaux médias sociaux aiderait grandement à régler le problème. En ce moment, des chercheurs et des chercheuses doivent essayer de comprendre « les mécaniques [des algorithmes] à tâtons » parce qu’elles sont actuellement protégées par le secret des affaires, explique Laurence Grondin Robillard, qui a fait son mémoire de maîtrise sur la propagande et les fausses nouvelles sur Instagram et qui s’intéresse aux algorithmes des médias sociaux.
Même si cela doit se faire au grand déplaisir des Meta de ce monde, il devient nécessaire de lever le voile qui protège ces secrets afin de déclencher un débat sur la manière de les réglementer.
En prenant des mesures qui forceraient une variété de contenu aux internautes, on les confronterait à des informations et des opinions qui vont à l’encontre de leurs positions actuelles. De cette manière, on pourra aérer les chambres d’écho et rétablir un climat plus propice au dialogue.
Photo : Robin Worrall, Unsplash