Le gouvernement népalais a élaboré un projet de loi pour interdire aux femmes de moins de 40 ans de voyager au Moyen-Orient et en Afrique sans autorisation de leur famille ou des autorités locales, entrainant une vague de manifestations contre l’inégalité et la discrimination.
Cette interdiction de voyager révèle que « le gouvernement pense que les femmes de moins de 40 ans sont immatures et qu’elles ne peuvent pas prendre des décisions », fait valoir Manju Gurung, cofondatrice de Pourakhi Nepal, une organisation de travailleuses migrantes rapatriées. Selon elle, « la structure de cette société patriarcale conduit à ce genre de décision ».
Des centaines de militantes népalaises se sont rassemblées, en février dernier, devant le bureau du ministère de l’Immigration à Katmandou, la capitale du Népal, pour revendiquer leurs droits fondamentaux. Mme Gurung explique d’ailleurs que plusieurs organisations féministes se sont également réunies pour écrire une lettre et une pétition contre la directive du ministère de l’Immigration.
Une situation délicate
Tandis que les hommes népalais sont prioritaires dans le système d’éducation et dans le recrutement d’employés, plusieurs femmes sont incapables de trouver un emploi. Se retrouvant dans une situation vulnérable, de nombreuses femmes se tournent vers le travail domestique et le travail du sexe à l’étranger pour subvenir à leurs besoins essentiels.
Selon le Rapport national de la traite des personnes au Népal, publié en 2018 par la Commission nationale des droits humains du Népal, 78% des victimes de la traite sont des femmes.
Subina Shrestha, une journaliste et cinéaste originaire du Népal, considère que l’imposition de cette directive ne va pas « aider » la situation et que le gouvernement avait « tenté d’imposer des règles qui ont échoué » dans le passé pour améliorer les conditions de travail des Népalaises.
Elle souligne que la situation des femmes dans les pays voisins, comme la Chine et l’Inde, est tout aussi précaire et que ces pays doivent gérer leurs propres problèmes liés à la condition des femmes. Même si la traite d’êtres humains disparaissait au Népal, Mme Shrestha croit que cette situation « ne va pas arrêter [...] en Inde ».
Un besoin de solutions efficaces
Pour lutter contre la traite d’êtres humains, le gouvernement népalais doit prendre des mesures pour mieux informer la population des conséquences liées à cette situation et offrir des alternatives.
« Il faut faire un effort pour parler à toutes les filles, à tous les parents et à tout le monde de ce qui se passe, comme des genres de traite qui existent ou des types de choses que subissent certaines filles qui adhèrent à la traite, mais ces histoires sont celles qui n'attirent forcément pas d'attention », conclut Subina Shrestha.
Photo de Lila Dussault