Froid extrême, atmosphère trop fine, absence d’oxygène et radiations cosmiques : les caractéristiques de la planète rouge lui procurent des conditions extrêmes. Quel avantage y a-t-il donc d’y envoyer des humain(e)s, alors que neuf sondes y sont déjà?
Le directeur scientifique du Planétarium de Montréal, Olivier Hernandez, explique que lorsque la communauté scientifique a fait ses calculs « très très simples », elle s'est aperçue que l'humanité ne dispose pas encore des technologies pour être capable de vivre dans l'espace.
Les dernières recherches sur des souris montrent d'ailleurs que les longs séjours à l’extérieur de la Terre rendent certaines fonctions du métabolisme défectueuses, comme la perte de capacité de filtration du sang par les reins ou une dégradation accélérée de la masse osseuse.
Les voyages habités vers Mars nécessiteraient de « multiplier les fusées », ce qui constitue un « enjeu environnemental énorme », selon l’astrophysicien Olivier Hernandez. À l’opposé, y envoyer des robots ne nécessite pas de les protéger avec une coquille oxygénée qui lui permet de vivre et de se protéger des projectiles ainsi que des radiations. Puisque la vie des robots ne nécessite pas d’être préservée, leur utilisation est moins coûteuse, moins risquée et même plus performante que celle des astronautes. En somme, le scientifique affirme qu’il n’y a « aucune plus-value » à envoyer des humains sur la planète rouge.
Propagande
Quand Donald Trump déclare que « des astronautes américains vont planter le drapeau américain sur Mars », il n’est vraisemblablement pas question d’avancées technologiques pour l’humanité. Sa volonté d’être la première nation sur la planète rouge est comparable à celle qui a motivé la course à la Lune en 1969 : montrer sa supériorité vis-à-vis des autres puissances mondiales.
Le Traité de l'espace, déposé par l’Organisation des Nations Unies en 1967 et signé par les États-Unis, établit qu’il serait impossible pour une nation de réclamer un territoire sur un autre astre que la Terre. Or, bien que le Traité soit actuellement au cœur de discussions entre les agences spatiales, une entente symbolique non modifiée depuis près de soixante ans est-elle suffisante pour démotiver un puissant dirigeant de mettre en marche ses plans de conquête?
« Si on envoie une colonie vers Mars, est-ce qu'on déplace nos conflits qu'on a sur la Terre vers la planète Mars ? », se questionne Olivier Hernandez. Ce discours qui se veut patriotique n'est qu'une énième tentative des États-Unis d'asseoir leur domination militaire et spatiale plutôt qu'une réelle démarche scientifique.
Selon les travaux du professeur Toby Tyrrell de l’Université de Southampton, il est estimé que les probabilités qu’une planète habitable le demeure assez longtemps pour permettre l’apparition d’une vie intelligente se trouvent entre 1 % et 9 %.
Sachant qu’il est peu probable que l’humanité trouve un jour une autre planète habitable, que des sondes sont déjà présentes sur Mars et que la présence d’humains n’apporterait rien de supplémentaire à la recherche, ne serait-il pas temps d’investir nos ressources et notre attention dans la conservation de ce miracle du système solaire?
Photo: Kevin Gill